«Chat échaudé craint l´eau froide», dit le proverbe populaire des gens d´en face et «celui qu´a piqué le serpent craint la corde», dit-on chez nous. Les proverbes reflètent la sagesse des gens du commun: les gens du commun étant ceux qui n´ont aucune grande ambition ici-bas, se contentant de remplir le rôle que la nature leur a confié avec la modestie de ceux qui croient que tout a une fin et qu´«il ne reste de l´oued que ses cailloux». Et encore, que les grands cailloux, a surenchéri celui dont on va célébrer le 30e anniversaire de son départ... Tout cela pour dire que les hommes sages retiennent les leçons du passé («on ne la fait qu´une fois au chacal» disent les Kabyles), et évitent de retomber dans les ornières de leurs aînés. Mais (car il y a toujours un mais, que ce soit en politique ou en écologie), à regarder le système politique qui a prévalu depuis l´Indépendance, peut-on être persuadé que cette sagesse qui est propre aux gens qui ont acquis une certaine expérience, aura touché de sa grâce ceux qui tiennent les rênes du char économique? Le doute est plus que permis puisque depuis l´Indépendance (46 ans!), la dépendance alimentaire du pays s´accroît d´année en année, et bien plus que la dépendance alimentaire, l´économie du pays est sous perfusion tous secteurs confondus. Et si la consommation augmente, la production industrielle périclite! C´est, du moins, ce que nous assurent toutes les sources concordantes, quelle que soit leur origine. Beaucoup de responsables ont commencé à bomber le torse dès que les prix du pétrole ont commencé à flamber et l´on a pu assister aux mêmes comportements qui ont prévalu tout au début des années 80: l´embellie financière avait poussé les décideurs à renoncer à l´austérité qui a caractérisé le régime de Boumediène et à desserrer les cordons de la bourse pour permettre à toute une faune de prédateurs de se remplir les poches et de planifier, le ventre plein, l´agonie du secteur public. L´argent destiné à faire tourner les quelques petites entreprises fut employé à importer tout ce dont le petit peuple a été privé jusqu´alors: fromages, fruits exotiques, produits électroménagers...Pour le plus grand bonheur des industriels européens et de leurs hommes de main d´ici. Pendant ce temps, sous le slogan «Pour une vie meilleure», les responsables politiques multipliaient les inaugurations de Souks el fellah et autres inconséquences... On était riche! Le retour de manivelle fut dur: dès que les prix du pétrole retombèrent, ce fut la débandade. On commença à produire un discours étonnant, on embaucha des «Cassandres» de fortune pour prédire des lendemains apocalyptiques si l´exode rural persistait. On commença à débidonvilliser et à taper sur le pauvre salarié qui n´avait pas participé à la curée et on avait mis sur toutes les ondes, le prochain retour aux valeurs plus sûres. Et le retour à la terre fut l´horizon et la perspective des hérauts de l´après-pétrole. Même un auteur comique s´essaya à faire un film sur ce thème. Le résultat déboucha sur quelque chose d´effrayant: Octobre 88! On en paie encore les conséquences!