Les dictons touareg s?appliquaient et s?appliquent à tout. Ils jugeaient et jugent toujours les hommes, la tribu. Il faut dire que dans l?Ahaggar les proverbes et les poèmes sont une véritable richesse. Ils enseignent qu?il vaut mieux faire un choix soi-même que d?en charger d?autres, qu?un secret confié devient le secret de tout le monde, qu?il y a lieu de réfléchir avant d?agir, reconnaissent également la sagesse des gens âgés et la valeur de leur expérience. Les Touareg empruntent aux animaux un très grand nombre d?images de leurs proverbes. «La nécessité fait marcher le serpent sur son ventre», ou encore «la vipère prend la couleur du pays qu?elle habite». Ce qui frappe dans ces proverbes, comme dans la poésie des habitants de cette région, c?est l?amour profond qu?ils ont pour la terre où ils sont nés. «La gazelle reste dans son pays, durant la sécheresse comme dans l?abondance.» Les Touareg sont belliqueux, mais nullement anarchiques. Ils comprennent fort bien la valeur du lien social. Ils en savent quelque chose de la cohésion que donne à une troupe, volontairement commandée par un seul, fût-il vieux, mais expérimenté et brave. «Mieux vaut cent souris commandées par un lion que cent lions commandés par une souris.» Toutes les poésies et satires peuvent être chantées et accompagnées par le violon «imzad» utilisé surtout par les femmes. Cet instrument, typiquement targui, est très prisé par les jeunes de la région. Autrefois, des gens venaient de loin pour entendre cet art qui animait les nuits fraîches du désert. Le «chiir el-melhoun» (poésie) puise ses racines dans le langage populaire. L?histoire nous rappelle que le Maghreb en général et l?Algérie en particulier ont eu des poètes dont la plupart ont tout juste fréquenté l?école coranique, mais maîtrisaient avec force et brio cet art.