Les gardiens de parking peuvent être abordés par le véhicule de...Satan! Le port d´arme est déjà, lui prohibé, le vol est, quant à lui, puni par l´article 350 du Code pénal et il n´est jamais conseillé de s´y frotter. La loi reste la loi surtout si les auteurs de ces délits occupent un poste de confiance... Deux gardes de parking comparaissent pour vol de voitures avec usage d´arme à feu pour l´un d´eux. Les victimes et témoins ne sont pas à la barre. Ce qui rend ardu le travail des avocats, du représentant du ministère public et du juge. Les deux inculpés ont été confondus après avoir braqué des citoyens du côté de l´est d´Alger. Chaque fois, l´opération se déroulait le mardi, jour de repos de l´un des deux inculpés. Le troisième larron, lui, est tôlier de son état. Son boulot consistait au désossement des voitures volées ou à leur «maquillage». Noureddine G.,Mohamed CH. et Foudhil M. ont eu beaucoup de cran en voulant noyer le «poisson» dans l´eau, mais M. le président du tribunal n´était pas prêt de leur permettre de le faire dans des eaux...troubles. Et comme s´il voulait au-devant de la rudesse des faits, le magistrat relit des passages des procès -verbaux d´audition: «C´est simple. Vous vous placiez quelque part. Vous faisiez tous les deux le guet. Lorsque votre proie passait, vous la filiez, la doubliez et la menaciez de stopper avant de donner rendez-vous dans un coin, donné pour soi-disant récupérer leurs biens», résume le juge, les faits dans leur globalité. Il se retournera vers Foudhil M.: «Vous serez entendu en dernier puisque vous n´aviez participé à aucun braquage.» Le prévenu, très bien vêtu, baisse la tête car il sait ce qui l´ attend: cinq ans ferme. Une peine qu´allait, bien entendu, requérir le procureur qui n´allait pas se faire des cheveux blancs devant tant d´évidence criante. Même les avocats semblaient «désarmés» devant une telle évidence, surtout lorsque le président clamera que Noureddine G. a été reconnu grâce à sa casquette qu´il met tous les mardis, ses jours de repos. «Ce qui est grave, c´est le fait que vous vous êtes amusés en poussant l´audace jusqu´à garer les voitures volées dans le parking, là ou personne ne se doutera de rien», siffle le président qui ne laisse aucun répit aux trois inculpés finalement confondus, honteux, meurtris, se posant mille questions à propos de leur avenir lointain. Maître Lamouri a, dans son style particulier, tenté de démontrer la preuve de la casquette. «Porter une casquette un mardi, jour de vol de voitures, n´implique pas que l´on soit coupable», dit-il avant de s´étonner que les victimes-témoins, durant l´instruction, ne soient pas présents à la barre. «C´est curieux, regrettable et franchement déroutant pour de bons débats sereins d´où peut jaillir la seule vérité», lance Maître Benoudhah Lamouri, qui sait, au fond de ses tripes qu´il malmène à chaque audience pénale, que les dés sont jetés. Mais comme il en a pris l´habitude, il use de l´adage: «Qui ne tente rien, n´a rien.» Et pour ce faire, profitant de ce que sa très grosse voix porte bien et loin, Maître Lamouri effectue de louables acrobaties juste, pour au moins, limiter les dégâts, lorsque les faits en eux-mêmes sont éloquents, vrais, indiscutables...Pour Foudhil M., il est sûr que ce tôlier a acheté le véhicule pour lui: «C´est un jeune qui se débrouille.» Auparavant, l´avocat en sueur, a minimisé le rôle de son client, Mohamed CH. «Il a consommé quelque chose avec Noureddine et le voilà devant le tribunal. Ce n´est pas sérieux», dit-il avant de demander la relaxe. A noter que durant l´audience, le président a tout fait pour que le débat soit contradictoire. Par exemple, si Foudhil a assuré ne pas connaître Noureddine G., il a, par contre, affirmé avoir acheté les voitures chez M.CH. Un dossier ficelé, bien abordé excellemment traité, car certains magistrats commencent à se dire, au plus profond de leur subconscient que l´on ne peut pas jouer avec la liberté des gens, surtout que ça gesticule de toutes parts pour ce qui est du regrettable et condamnable exercice d´une méchante justice expéditive dont personne n´en veut!