En matière de trafic de drogue, ni les magistrats ni les avocats ne sont jamais parvenus à avoir sous la main les...requins! «Pourquoi tu tousses?», a dit le neveu qui a raconté à Aïssa Mim, le président de la troisième chambre correctionnelle de Blida, que le tonton lui avait exhibé un produit qui s´était avéré être de la drogue. «Et vous, vous l´aviez pris pour du chocolat?», a ironisé le juge bien épaulé ce lundi par les deux symboles Amel et Benrekiya, les deux conseillères loin d´être discrètes ou «absentes» des débats. Elles s´expriment dès lors qu´elles s´aperçoivent que le juge veut aller plus loin dans l´interrogatoire. Maître Abderrezak Chaoui, Maître Fethi Gueritli, Maître Nabil Ouchérif suivent de très près ce qui se passe dans la surface de...réparations de la salle d´audience, pleine à craquer car plus de quarante détenus passent en cette fin janvier 2009. Il faut dire que l´interrogatoire est un supplice pour tout le monde. Le tonton évoque son nationalisme. Mim efface ce mot du revers de la main: «Tous les Algériens sont égaux devant la justice». Et dit haut et fort par Aïssa Mim, c´est tout un programme. Ancien chauffeur de l´APC, retraité qui «bricole», ancien patriote (c´est lui qui le dit) désarmé à ce jour, le prévenu se défend plus que farouchement car sa liberté est en jeu, avec le lourd verdict du tribunal. Mohamed Boukhatem, le procureur général cherche à savoir pourquoi le tonton avait demandé au neveu ce qu´il avait en main. «Oui, effectivement, j´ignorais que c´était du "poison"». Maître Aïd, pas Nassima, mais Mohamed, Maître Ouchérif pose à son tour des questions qu´il espère être un «phare» pour les réponses attendues. D´ailleurs, au cours de sa plaidoirie, l´avocat de Didouche met en avant l´article 364 du code pour abattre le délit de commercialisation de came où l´on n´a pris ni le client ni l´acheteur. Passant aux déclarations de son client qui a avoué après une série de pressions morales et physiques. Plaidant à pleins poumons, le défenseur prit un gourdin pour tomber sur la première instance: «On ne peut pas se taire devant toute justice expéditive, et dans ce cas, on interjette appel car cela demeure le meilleur moyen de critiquer tout verdict considéré comme injustice.» Il n´y a jamais eu de commercialisation, a conclu le défenseur qui demande le sursis... Maître Amor Dahmani prend la suite de son aîné de confrère pour dire son essoufflement, son gros étonnement devant un tel délit. Un dossier à faire perdre le souffle, les pédales et même le moral de tous les Cherchellois au fait du trafic de drogue dans la région, avant de rappeler que lui, son conseil, lui avait demandé de se rendre au bureau du procureur pour s´enquérir du pourquoi de la convocation. «Il y a eu plus que des malentendus car la personnalité du prévenu est plus que complexe dans le domaine de ce monde abject du trafic de drogue surtout pour des consommateurs comme notre client. Un sursis suffit à la peine.» Maître Fethi Gueritli va, tout de go, s´enfoncer sur les circonstances de ce drame et bien entendu pleins feux sur la coïncidence entre la parution d´une info donnée par les gendarmes du groupement de la wilaya de Aïn Témouchent et l´audience de ce dossier. «On n´est pas ici dans une juridiction où l´intime conviction est reine. Non, c´est au pénal, en appel, et il faut de solides preuves pour aborder de tels délits.» Puis il s´étonne de la question du président à propos de savoir comment un citoyen ne reconnaît pas la nature et la couleur du cannabis. «Il y a même des policiers qui n´en ont jamais vu et donc sont incapables de reconnaître la drogue du...chocolat», s´est égosillé l´avocat de Didouche, qui est revenu sur le patriotisme. «Oui, ce prévenu était un homme debout au moment où d´autres étaient à plat ventre.» Maître Mohamed Djouadi, l´autre intervenant, a appuyé sur le champignon sur l´unique fait que cette affaire avait été plus que bâclée au niveau de la première instance. «Nos espoirs reposent désormais sur votre sens de l´équité, car six oreilles valent mieux que deux, et nos arguments feront l´essentiel lors de la mise en examen», a dit l´élève de Maître M.F.Ksentini. Maître Aïd Mohammed de Cherchell et Maître Abderrezak Chaoui seront les derniers intervenants. Si le premier nommé s´est longuement attardé sur ce fléau qui ravage la société, une société en perpétuel mouvement de déstabilisation, de coups bas, de menées subversives, encouragées par les partisans du gain facile et trafiquants de tous bords: «Aujourd´hui, on s´est trompé de dealer.» Le second, tout en se plaçant à la barre, et pour Benahmed qui a écopé de six années ferme, il va déclarer face au trio de magistrats que ce verdict a été rejeté par le prévenu qui estime qu´il n´est ni dealer ni trafiquant. «Le législateur a tiré l´alarme sur le doute. On ne peut pas expédier quelqu´un de soixante piges pour un délit qu´il n´a jamais commis. C´est pire que de l´injustice. C´est de la bêtise. L´article 212 évoque l´intime conviction et les preuves palpables. Comment cet Abdelkader, fils de martyr, gardien communal, peut avoir, un jour, l´idée de se convertir en dealer? C´est inouï!», s´est éclaté le défenseur qui passera un bon quart d´heure à se poser des questions et demander à la composition d´en faire autant autour des contradictions, de l´absence de mauvaise foi, de la présence de la commercialisation pour ce qui est de son client du moins. «Et c´est autour de cet axe que le doute montre le bout du nez et que le verdict soit à la hauteur des espoirs que notre justice avance vers le progrès.» La mise en examen du dossier par le trio mené de main de maître par Aïssa Mim va mener à la confirmation du jugement.