«La guerre, c´est la guerre des hommes; la paix, c´est la guerre des idées.» Victor Hugo, extrait des Fragments Jeudi soir, pour sa soirée cinéma, France 3 rediffusait le magnifique film d´Oliver Stone Platoon, qui évoquait pour la première fois dans le cinéma américain, les conflits internes dans l´armée américaine en 1967, et Arte diffusait pour la première fois le film de Phillipe Faucon La Trahison. Vous me direz quel rapport entre la guerre d´Algérie et la guerre du Vietnam? Je vous dirais beaucoup de choses. D´abord les Etats-Unis et la France sont deux forces coloniales qui sont venues occuper des territoires qui ne sont pas les leurs. Si la France est restée 130 ans en Algérie, les Etats-Unis ont souffert pour boucler les 7 ans au Vietnam, le temps qu´il a fallu à l´Algérie pour exprimer par les armes la lutte pour l´Indépendance. Dans Platoon, Chris Taylor, issu d´une famille bourgeoise, engagé volontairement et plein d´idéal, entend bien servir son pays. Mais la réalité est tout autre et ses illusions vont tomber les unes après les autres. Il sera également témoin de la rivalité sanglante qui oppose deux officiers qu´il admire. Cette relation officier-soldat on la retrouve dans La Trahison de Phillipe Faucon. Même si techniquement le film est loin d´égaler ou surpasser la qualité technique et le jeu des comédiens de Platoon. Si ce dernier a été tourné aux Philippines, c´est que là-bas, il y a déjà une base militaire américaine, donc la logistique et les hélicoptères pour les scènes de combat et cela sans l´aide des Vietnamiens. Alors que le film algérien a été tourné en Algérie avec la bénédiction des autorités locales, culturelles et militaires, qui avaient même offert le matériel et les tenues. Même si au départ lorsqu´ils avaient lancé le projet, le Français Richard Djoudi et l´Algérien Yacine Laloui, producteurs de La Trahison, avaient quelques appréhensions concernant les réactions des autorités algériennes. Mais deux jours après avoir reçu le scénario, le ministère de la Culture (qui a consulté le ministère des Moudjahidine) donne son feu vert pour le tournage. Les équipes franco-belge et algérienne s´installent alors à Bou Saâda, ville située à environ 300 km au sud d´Alger, le tournage se déroulant dans le village El Hamel où, malgré la présence encore d´un sentiment antifrançais, l´équipe a été très bien accueillie par les autorités locales. Le cinéaste revient sur un tournage qui lui laisse le souvenir d´«une belle expérience», malgré les difficultés: «Si le film est ce qu´il est, je le dois en grande partie à des gens, là-bas, qui sont devenus pour moi plus que des amis.» Faire un film de guerre anticolonial n´est pas une mince affaire, surtout quand le pays impliqué n´a pas encore pansé ses blessures. Et Oliver Stone l´exprime bien: «J´ai eu l´idée de Platoon en décembre 1969 à mon retour du front. Mais personne ne voulut produire ce script, trop dur, trop noir et déprimant.» Mais avec le rêve américain tout est possible, ce n´est pas le cas du rêve français. [email protected]