Que faisait donc Fadila dans une petite minibande qui flirte avec la came? Le tribunal l´a entendue et relaxée. Ah! l´amour qui mène à tout, même en...taule! 5 kg de drogue, quatre détenus et deux inculpés en fuite, trois avocats vifs et prêts. Une présidente décidée à rendre à chacun son dû, dame justice en tête, un procureur debout pour la circonstance, juste pour éviter de demander l´application des «articles 30 et 31 de la loi 04-18 du 24 décembre 2004 portant prévention et protection contre les stupéfiants et les produits psychotropes», une loi dure mais pas encore pigée. En effet, ces deux articles seront brandis plus tard au cours des plaidoiries de la défense car les faits, très graves en eux-mêmes, font que ces histoires de trafics de drogue, une drogue qui empoisonne la société, commencent à bien faire. Pour ces débats menés par Sihem Bechiri, la juge, un à un, les quatre détenus ont fait de telle sorte de ne pas faire perdre son temps au tribunal et donc de ne pas déranger la présidente, une magistrate dont la capacité d´écoute n´a d´égal que sa solide compétence. Le fait solide, la preuve de ce dossier est le sac de 5 kg de drogue qui a été évoqué avec beaucoup de déclarations contradictoires. Certains inculpés ont évoqué la maltraitance des agents dont l´un aurait menacé les inculpés de représailles s´ils s´avisaient de se plaindre auprès du procureur lors de l´audition. Seule, toute vêtue de noir, la seule femme du groupe flanquée de son conseil, la jeune avocate Maître Faïza Mehfouf, s´était contentée de baisser la tête car, nous le saurons plus tard par la bombe de son avocate, «que Fadila s´était trouvée mêlée à cette grave affaire, car elle avait rendez-vous des coeurs à assouvir et donc la coïncidence a été plus que catastrophique. - Elle n´y est pour rien. Elle ne mérite que la relaxe car elle est en taule pour rien - oui, pour rien. Plus grave, demander une aussi grosse peine pour cette inculpée innocente relève de la science-fiction.» Maître Hamani, la première intervenante juste après que Mourad Helal, le procureur eut requis dix ans ferme pour usage et commercialisation, a axé son intervention sur le fait que son client était diabétique et ce genre de malade ne peut supporter l´usage de came. «Le doute plane surtout sur la commercialisation car il vous a affirmé que c´est pour une histoire de créances qu´il est ici. C´est un délinquant primaire, malade, orphelin, soutien de famille et donc, si le tribunal retient les délits, les circonstances atténuantes sont demandées.» Maître Mohamed Demimi pour le deuxième détenu évoque la bêtise de son client qui a accepté de garder un sachet plein de drogue en ne prenant aucune précaution. «Il n´a même pas eu l´idée de l´ouvrir avant de garder le sachet car il a tout perdu dans son égarement et donc la relaxe au bénéfice du doute est souhaitée», a conclu l´avocat. Maître Souad Bensoltana, la troisième avocate à plaider, ira d´abord aux faits avant de disséquer les tenants et aboutissants de ce dossier où il y a deux inculpés en fuite et «donc nous n´avons pas toutes les données pour comprendre ce dossier», a souligné le défenseur qui a, elle aussi, réclamé les circonstances atténuantes. Maître Moncef Boussaâdi a, comme d´habitude, effectué une parabole avant d´atterrir sur l´affaire du jour. «Sur le plan du droit, une personne qui a aidé à la grosse prise de dealers, mérite toute l´assistance de la justice. Djillali, mon client a joué un grand rôle dans la découverte du pot aux...drogues?» a lancé l´avocat d´El Harrach qui a signalé que Djillali est un sniffer mais pas un dealer. Enfin, Maître Faïza Mefhouf pour la détenue, a ouvert les veines de la collaboration d´un justiciable avec les enquêteurs qui ont eu le fil facile à suivre la piste des dealers et d´ailleurs elle n´a aucun lieu avec la drogue. C´est la copine de l´un des inculpés, Mokhtaria impliqué lui. (Fadila, elle pleure) une semaine après, seule Maître Mehfouf était aux anges et sur un nuage blanc. Fadila retrouvait la liberté, car relaxée. C´est bon tout ça...