Le juge Lala ET Maître Lamouri se sont escrimés autour de la loi n°04-18 portant sur la came. Il faisait chaud ce mercredi 13 juillet, journée qui a débuté sous un taux d'humidité écrasant et agaçant dans une salle d'audience de Hussein Dey (cour d'Alger) où trône le jeune et jovial Choukri Lala, le président- de la section correctionnelle du tribunal. Défendant Aliouat H., 25 ans, poursuivi pour détention et usage de came, deux délits que la loi punit sévèrement, Maître Lamouri, l'avocat de Dar El Beïda était décidé à démonter les deux inculpations surtout qu'il s'était vite aperçu qu'il avait en face de lui, un jeune juge serein et non une fabrique ou une chaîne de distribution de peines. D'ailleurs, et comme toujours, Maître Benouadah Lamouri, participe pleinement aux débats. Il est toujours là, prêt à répliquer au procureur, où à l'adversaire de son client. Aujourd'hui, l'adversaire de son cleint est la loi n°04-18 du 25 décembre 2004 relative à la prévention et à la répression du trafic illicite de drogue et des produits psychotropes. Et ses articles demeurent farouches. Or, dans cette affaire, Aliouat l'inculpé nie aussi farouchement que les articles de loi. L'inculpé nie, car selon lui et il n'a pas de témoin, les joints trouvés étaient assez loin où il était installé en train de s'extasier devant une ruelle passante où se mêlaient des jeunes qui fumaient des sèches, d'autres qui discutaient de tout et de rien et sans doute des sniffeurs. Et c'est autour du chapitre «came» que le défenseur allait s'étendre juste après que Choukri Lala, le magistrat, avec l'aide du très bon Samir Boufatah, le représentant du ministère, tentait de démêler l'enchevêtrement causé par le procès- verbal de la police judiciaire et les déclarations de Aliouat pas décidé à faire un are de jeux pour les accusateurs. Et Lala de balancer, en direction du jeune inculpé handicapé par une mauvaise élocution: «Alors, Si Aliouat vous prétendez qu'au moment où les policiers étaient arrivés et ramassé les joints sur la chaussée, vous étiez tranquillement assis sur un muret à plus de 25 mètres: ce n'est pas trop solide comme argument, ça, n'est-ce pas? «M. le président, ce que les policiers n'ont jamais porté sur le procès-verbal, ce sont les quatre jeunes qui avaient pris la tangente à leur arrivée sur les lieux du sinistre!», s'est exclamé le conseil venu au secours de son client muet comme une carpe, pour au moins deux raisons: la détention de deux nuits avant de comparaître en flagrant délit et surtout le fait qu'il crie à l'innocence. Et il est connu qu'un inculpé qui s'accroche à l'idée de trop crier à son innocence perd tous ses moyens d'expression, y compris la capacité de reprondre aux questions du tribunal. Ici notons, l'hommage balancé par Maître Lamouri en direction du président Choukri Lala pour ce qui est de la conduite des débats qui ont montré tout de même que ce jeune magistrat refuse d'être le caporal du ministère public. Resté de marbre devant ce compliment de ce diablotin d'avocat qui a l'âge du papa du juge Lala, Boufatah, le procureur ne dépassera pas les demandes, trois ans d'emprisonnement ferme pour détention et usage de came, préférant libérer le tribunal qu'un gros rôle ligote en cette mi-juillet, un mois de plage du côté de Montplaisant, Chapuis ou encore des Cigogneaux de la Coquette. D'ailleurs pour faire comme le représentant du parquet, Maître Lamouri ne s'étalera pas trop au cours de sa brève mais percutante intervention où le mot relaxe sera la clé de cette séquence. Le président aussi jouera le jeu et mettra le verdict en examen sous huitaine, le temps que ce beau monde se calme et donc permette à la justice de se prononcer sereinement...