Lorsqu´un garnement est rappelé à l´ordre au moment où il draguait les filles aux alentours des salles des fêtes, il pense se venger en... Plusieurs citoyens ne connaissent pas leurs droits et même leurs devoirs. Certains déposent plainte pour un délit donné et s´effacent le jour du procès. Et là, c´est l´inculpé et son avocat (s´il en a constitué un) qui jouent sur du... gazon...Fateh R. a déposé plainte pour menaces, fait prévu et puni par l´article 284 du Code pénal. A la barre, seul l´inculpé Nabil F. flanqué de son Conseil, Maître Djediat explique qu´il avait été chargé de surveiller les alentours de la salle des fêtes de Bourouba (Alger) et donc d´empêcher les intrus de roder sur le périmètre réservé aux seules femmes et jeunes filles venues s´éclater et ce n´est pas rien en cette période triste. Or, vous devinez aisément ce que peut faire un jeune en «mission», ce qu´il peut faire surtout s´il surprend un dragueur entêté. Nabil dit au président que la pseudo-victime n´avait pas cessé de le taquiner en sifflant la gent féminine qui se rendait dans la salle des fêtes. «D´abord, M. le président, où est la victime? Pourquoi ne s´est-elle pas présentée devant vous? Ensuite, quelle est...» le juge l´interrompt en lui apprenant qu´il n´y avait dans cette salle d´audience qu´une seule et unique personne censée poser des questions: «C´est moi le magistrat». Puis le «gamin» est entré dans un monologue faisant de la morale sur les dragueurs, les empêcheurs de faiseurs de fêtes, les voyous etc. Le juge l´aide un tout petit peu en lui posant deux questions relatives aux menaces. Les deux réponses sont super-négatives. Mohamed Kolla ne veut rien savoir. Il a sous les yeux le procès-verbal d´audition de toutes les parties, la plainte: il requiert mécaniquement une peine de prison ferme de six mois et une amende de cinq mille dinars. Maître Mohamed Djediat, pour l´inculpé, revient sur l´absence totale de menaces. «La pseudo-victime a voulu se venger de mon client car il ne l´a pas laissé jouer sur du...gazon sur le dos des familles honorables», a dit le Conseil, qui a demandé expressément la relaxe au bénéfice du doute si le tribunal ne pouvait aller à la relaxe pure et simple. Mohamed Yahiaoui, le juge de Hussein Dey (cour d´Alger) prend sa décision sur le siège et suit les demandes de l´avocat du prévenu qui s´en est retourné chez lui, heureux, accompagné de sa maman qui a suivi depuis le banc réservé aux familles tout le procès, le coeur gros, les tripes nouées, le front perlant et les mâchoires serrées. L´avocat, heureux, laisse échapper un sourire franc qui en dit long sur sa satisfaction que justice a été rendue. Et comme pour signifier au défenseur sa satisfaction, le président de la section correctionnelle de Hussein Dey (cour d´Alger) lança: «Le tribunal a été ravi de vous écouter.» Ce retour de manivelle démontre combien est belle la justice lorsque le juge est...juste!