«Le Festival d´Oran a réconcilié les cinémas arabes.» Yousra, lors de l´ouverture du Festival Après le Festival panafricain, l´Algérie abrite depuis hier le Festival du film arabe d´Oran. Si Khalida Toumi était notre dame d´Afrique pour une durée de deux semaines, Hamraoui Habib Chawki se présente déjà comme le Lawrence d´Arabie du cinéma. Il accueille lui aussi des invités étrangers pour apprécier la culture, le son et l´image d´une Algérie déformée par les médias occidentaux. De toutes personnalités algériennes, HHC est la seule personnalité algérienne connue dans les festivals arabes et peut-être même dans les salons politiques du monde arabe. Et pourtant, ce n´est pas un homme politique, encore moins un cinéaste ou un journaliste, il n´est plus ministre ou directeur général de la Télévision algérienne. Il reste seulement le président d´un Festival du film arabe d´Oran qui s´affirme dans le monde arabe. Et pourtant, HHC n´était pas un homme de cinéma. Enfant de l´Union des journalistes algériens, adolescent de la revue L´Unité, homme de télévision, il n´était pas destiné à embrasser une carrière dans le monde du cinéma. Il a même contribué - malgré lui - à signer la fermeture des entreprises cinématographiques de l´Enpa et le Caaic. Mais en effectuant un voyage à Paris, il découvre ébloui le cinéma à travers la Biennale des cinémas arabes de Paris. C´est là qu´il a pris conscience de l´importance du cinéma arabe, en général, et de l´impact du cinéma en tant vecteur de civilisation, de révolte imagée des peuples opprimés et d´expression de la mémoire collective en particulier. Comme Lawrence d´Arabie qui a contribué à rassembler les tribus arabes contre l´envahisseur turc, HHC a contribué, à sa façon, à réunir tous les Arabes malgré leurs diversités culturelles et politiques dans une salle de cinéma. En l´espace de trois ans, il a été le seul responsable politique et culturel algérien à consacrer une place au cinéma marocain en Algérie, au moment où les deux pays frères étaient engagés dans une guerre médiatique fratricide. HHC, toujours diplomate et gentleman, est même allé jusqu´à assister aux projections des films marocains afin de montrer le sens élevé de l´hospitalité et apporter son soutien et son intérêt pour un cinéma marocain en avance dans le Maghreb. Cette marque de sympathie et de rapprochement a été fortement signalée par la presse marocaine qui rappelle qu´Oran a été la ville la plus proche du coeur et des yeux des Marocains. Comme pour le Maroc, HHC a réconcilié l´Algérie avec l´Egypte. Oum Dounia, éternelle rivale de l´Algérie en diplomatie arabe, s´est rapprochée en culture à travers le cinéma. Au moment où les footballeurs égyptiens traitent les Algériens de terroristes, les critiques égyptiens traitent le cinéma algérien de chef-d´oeuvre arabe et africain. Avant, il n´y avait que Youssef Chahine qui parlait du cinéma algérien. Aujourd´hui, grâce à HHC, toute la presse égyptienne parle du cinéma algérien grâce au Festival d´Oran. Grâce à Lawrence d´Arabie du cinéma arabe, le cinéma égyptien du Caire et le cinéma syrien de Damas se sont rencontrés en terrain neutre et ont discuté de leurs forces et de leurs faiblesses et conjuguent leurs efforts pour faire accepter leurs cinémas respectifs en Europe et en Amérique. Grâce à sa diplomatie, à sa communication et son savoir-faire, HHC a su rassembler les différents cinémas arabes autour d´un pays qui a toujours été une terre d´asile culturelle pour les deux pays arabes et africains. [email protected]