Un journaliste «oublie» son arme à feu chez son beau-frère durant trois ans. Il écope de six mois de prison ferme pour... délaissement... et la relaxe devant ce sacré Bekri... L´ancien journaliste et l´ancien policier sont des alliés. Le premier est le gendre du second, Zitouni le premier est inculpé. Le second est témoin et il va largement servir la justice, Bekri et ses deux anges encadreurs Tayeb Hellali et Abdenour Amrani. L´ancien journaliste est poursuivi pour possession d´arme à feu sans autorisation. Et pourtant, comme il l´avait déclaré devant Khadidja Kouaouna, la juge de Sidi M´hamed-Alger, l´inculpé détenu depuis plus de trois mois, assure comme le feront ses deux avocats, que ce dossier est plein de zones d´ombre et surtout que la découverte de ce port d´arme non permis aura été une...farce fade! «Oui, notre client est légaliste. C´était un journaliste, qui voulait se protéger. Il avait le permis de port d´arme, une arme qu´il laissera chez son beau-père durant six longues années sans que personne ne s´offusque», a dit le premier plaideur. «Une chose est sûre! s´écriera Maître Fayçal Benabdelmalek, c´est que notre client a été victime d´une erreur d´appréciation du juge d´instruction qui a pris pour argent comptant le fait que le P.A. fut découvert chez un ancien officier de police à la retraite. Pour le magistrat instructeur, notre client a fait exprès en se débarrassant d´une arme à feu qui lui a permis de vivre à l´abri de toute surprise», a dit l´avocat qui a regretté l´appel du parquet malgré la relaxe accordée à l´ancien journaliste qui exerce d´ailleurs toujours dans cette noble profession, «une profession, dira son avocat, qui l´avait tiré vers cette impression d´être une cible privilégiée au moment où l´on assassinait à tout-va, tous les mardis, les intellectuels et parmi eux, les journalistes qui avaient laissé sur le carreau un lourd tribut». Il est vrai aussi que personne, depuis l´inculpé jusqu´à ses proches collègues, n´avait compris le pourquoi de sa mise en état de détention «provisoire» du seul fait qu´il avait le permis du port d´arme délivré dans les conditions les plus transparentes. Mystère et boule de gomme. Mais ce qui aura été le plus désarçonnant pour l´observateur le plus averti, c´est ce silence gênant de l´inculpé aussi bien depuis le box à Sidi M´hamed, Alger, qu´à celui de la chambre correctionnelle... D´ailleurs, le trio de juges n´avait d´yeux que pour le dossier où des zones d´ombre auraient bien pu être évitées devant toute l´instruction et pourtant... Ce qu´il faudrait surtout mettre en évidence, c´est la prise à la gorge par Maître Benabdelmalek, de l´inculpation proprement dite: «On retient le laxisme, le délaissement, la négligence, la bavure ´´crachés´´ par le journalisme durant toutes ces années au cours desquelles l´arme à feu était restée enfouie dans l´armoire du beau-père lui-même policier à la retraite et donc nous ne voyons pas pourquoi on est allé chercher des poux dans la tête ´´propre´´ d´un rédacteur qui a voulu tout simplement devancer un drame vécu par ses collègues, un drame dont nous possédons les conséquences sur la profession et les familles.» «Voyez un peu, Monsieur, ce que donne une pose de peau de banane sous les pieds d´un type bien. Ce Maloufi laisse, je dirais même oublie son revolver chez son beau-père durant trois années et regardez où il se trouve. J´irais même plus loin. Il est victime d´un coup à l´algérienne. Ajoutez la précipitation du magistrat qui a ordonné la mise sous mandat de dépôt et vous avez là tous les ingrédients d´une très grosse bavure. C´est inadmissible, mais c´est comme ça.» «Six mois de prison pour un laisser-aller où il y a à boire et à manger», commente une consoeur, révoltée par le simple fait de voir le prévenu quitter le box des accusés pour aller face à Boualem Bekri, le président qui met en examen l´affaire, le temps de mieux vérifier les déclarations des uns et des autres. Nourredine Lasnami, le procureur général, lui, ligoté par cette sacro-sainte indivisibilité du parquet, n´a pu rien faire, car non- appelant et il a dû ruminer au plus profond de ses tripes tout comme l´autre Nourredine Sayeh, le premier adjoint de Abdelmadjid Benhadj, le procureur en titre du tribunal de Sidi M´hamed-Alger, où avait comparu Maloufi, devant une glaciale Khadidja Kouaouna, cette présidente qui tente comme elle peut de rendre justice, armée de ces sacrés procès-verbaux de la police judiciaire. Comme quoi, l´article 41...