A 58 ans, un père de famille de dix personnes risque une peine de prison devant la quotidienne chambre pénale d'Alger. Ses deux avocats ont certes évoqué la maladresse, la négligence, mais aussi et surtout le destin. Tout un programme en suivant les débats où l'avocate avait laissé éclater son émotion, le prévenu ayant l'âge du papa. Tenter de nos jours d'arracher la relaxe à un auteur d'homicide involontaire à la suite d'un accident de la circulation et surtout en appel, devant le trio de la quatrième chambre correctionnelle d'Alger, relève de l'utopie. Le prévenu aura beau expliquer que l'accident relève peut-être de l'étourderie et que la mort du qadha oual qadar, rien n'y fit. Le sursis est la peine minimum. L'accident qui remonte au 27 avril 2009 avait vu Omar B., 58 ans et père de huit enfants (dieu bénisse), appeler le jeune S. R., 28 ans, en vue de le guider dans la manœuvre du poids lourd qu'il conduisait. Malheureusement, à un moment donné, le jeune disparaît du rétroviseur et Omar, au volant, ne s'aperçoit pas que la marche arrière entamée allait voir le camion littéralement écraser le jeune guide contre un poteau. Il était 14h en cette chaude journée d'avril 2009. Lorsque Omar s'aperçoit de l'accident, il descendit, prit le jeune dans ses bras et l'emmena vite à l'hôpital où le jeune rendra l'âme vers 17h. Le destin venait de frapper. Un mort et un inculpé d'homicide involontaire. Devant Fella Ghezloune, la présidente de la section correctionnelle d'El Harrach, car l'accident mortel avait eu lieu à Bordj El Kiffan, Omar B. écope d'une peine de prison de six mois assortie de sursis. Le parquet qui avait réclamé plus interjette appel et la famille de Omar B. aussi. Il faut dire que le frais condamné avait une fille avocate, et devant Boualem Bekri et ses deux conseillers, Tayeb Mezlali et Abdenour Amrani, maître Omar Boumaout et maître Nadia Boulouza allaient faire un boucan, considérant que même un juge du siège peut être confronté à un homicide involontaire. Elle défendait son père, un engagement sans pareil, «prenant à la gorge» les termes de l'article 288 du code pénal où il est question d'inattention, ce qui était le cas du prévenu à qui on a réclamé la relaxe. Lui succédant, maître Omar Boumaout allait s'atteler à sauver le vieux chauffeur qui devait débuter le jeûne de soixante jours pour l'âme du défunt, une peine, une dette à payer vis-à-vis d'Allah qui a seul le pouvoir de reprendre la vie. Puis le défenseur, tout comme sa cadette maître Nadia Boulouza est revenu à l'article 288 où il y est certes question de maladresse, d'imprudence et autres négligence et inobservation des règlements, mais s'écriera le conseil, il s'agit d'évoquer le mot «involontairement et ce mot va droit sur la relaxe. Ce n'est pas à cet âge que Omar B va traîner le boulet dans son casier», a encore ajouté l'avocat qui s'est aperçu que des larmes coulaient sur les joues de maître Nadia Boulouza. Le verdict a été fixé au 21 décembre 2009.