Coup sur coup, à Blida, à Koléa et ce dimanche à la cour d´Alger, nous avions devant nous un inculpé qui crie son innocence et se dit victime plutôt de... Le 17 mars 2003, un mardi, Brahim B., la cinquantaine, juriste à la tête d´une société qu´il gère à merveille, écope d´une peine de prison de deux ans ferme pour faux et usage de faux, délit prévu et puni par l´article 222 du Code pénal. Le condamné interjette appel de cette sentence qu´il considère comme étant injuste car il estime que la seule victime de faux ne peut être que lui, le frais condamné. A l´origine, il y avait en 1991, un seul contrat de location, modifié à la suite d´une omission des limites du local situé à la rue Ahmed-Aoun, n°6 et la rue Ahmed-Mokrani, n° 2 (suivant la désignation sur l´acte de propriété de la victime Brahim B.). Or, à la suite d´un tour de passe-passe, appuyé d´une remarquable opération de scanner, le troisième contrat contenait des dispositions inexistantes que même les gendarmes avaient relevées et le notaire lui-même avait dénié avoir rédigé cet acte: «Je n´ai rédigé que le contrat du 28 mars 1996, modifiant celui du 24 juin 1991 à propos des limites du grand local loué par madame. Fouzia T. au nom des héritiers. Le dernier en date n´est pas mon oeuvre», avait répondu en son temps le notaire. Et devant Meriem Derrar, la discrète présidente de la deuxième chambre pénale d´Alger, les quatre avocats de Brahim B. se sont échinés à expliquer en long et en large, de haut en bas, que «seule la victime s´est rendue coupable de... faux!». Comme l´avait crié Maître Messaoud Chérif, vite appuyé dans ses propos par Maître Rachid Kenaï qui aura l´occasion de déclarer que «leur confiance va au trio de juges qui ont six oreilles contrairement à El Harrach où le dossier a été mal instruit». Dans la foulée, fixant le représentant du ministère public, Maître Ahmed Mechri avait, lui, mis l´accent sur son étonnement de voir les deux affaires entrer dans le domaine de la confusion de deux dossiers où leur mandant y est inculpé et l´autre victime: «Brahim a été le premier à déposer plainte chez les gendarmes le 1er avril 2007», s´est écrié l´avocat. Enfin, Maître Nabil Guerbah, entrant dans le sens des questions préjudicielles pour expliquer que la victime n´en revient pas d´être aujourd´hui jugée en lieu et place de Fouzia: «C´est la faute de la juge d´instruction de la 5e chambre qui a accepté d´aller à la confusion (article 188 du Code de procédure pénale).» Avant eux, pour Fouzia T. Maître Halim Ouezaâ n´avait pour seul argument que celui du faux dénoncé par la victime. Il a surtout mis l´accent sur la personnalité de l´inculpé Brahim B.: «Il a déjà connu l´incarcération et il sait pourquoi il a usé de faux: pour accaparer l´exploitation des locaux.» Maître Cherif s´était même offusqué que la juge d´instruction ait ordonné la confusion des deux dossiers largement différents (une à El Harrach où Fouzia T. est victime) et Hussein Dey où Brahim B. est lui même victime pour le même motif. «Que la cour, prenne en compte l´opposition des piliers prévus par la loi, car n´oublions pas la conclusion des gendarmes lesquels ont clairement désigné qui avait intérêt à exécuter un faux et s´en servir», a tonné l´avocat à la limite du débordement. Demain, le verdict va fixer définitivement l´inculpé confiant en l´intégrité de Derrar et ses deux conseillers, Brahim et Kouchih.