Grâce à une percutante plaidoirie, le juge de Koléa n´a pas voulu "étrangler" le drogué... «Dès que j´ai vu les policiers, je me suis débarrassé de la quantité de came que j´utilisais pour des soins», avait dit Liamine. R., un jeune détenu pour détention de drogue et vaillamment défendu par Maître Baya Barèche, une avocate qui avait bien suivi l´interrogatoire de son client, qui a joué franc jeu en se mettant à table de suite. Et ce n´est pas ce brillant et sec Hadj Rabah Barik, le président de la section correctionnelle de Koléa, un tribunal placé sous les ailes de la cour de Blida, qui va se frotter les narines d´impatience. Il le dit au détenu sur un ton paternel. «Si vous êtes malade, nous pouvons vous appliquer l´article "six" de la loi n°04-18 relative à la prévention et la répression de l´usage et du trafic illicites de stupéfiants et de substances psychotropes, du 25 décembre 2004». Le pauvre petit drogué-inculpé -détenu, apeuré de l´éventualité d´une chute lancée par un article de loi, ne pouvait rien dire. Il avait tendance à regarder plutôt en direction de son défenseur qui lui sourit, à défaut de crier à la clémence d´Allah. «Deux ans de prison ferme», murmure presque Samir Hamel, le représentant du ministère public, visiblement pas du tout préoccupé par quelconque ratage du juge. Il va se délecter de la brillante intervention de la jeune et brune avocate. Maître Baya Barèche, l´avocate de Liamine.R., qui n´avait pas cessé de sourire, avait entamé sa plaidoirie par sa satisfaction de voir son client reconnaître s´être débarrassé de la drogue qu´il utilisait et qu´il ne revendait jamais. Quant à la grosse somme trouvée sur lui, l´avocate l´explique par la «recette» du jour, car Liamine est un revendeur à la sauvette d´objets de toute nature. Le fait est que mon client ne peut pas être poursuivi pour commercialisation de drogue, car on n´a pas pris un client avec lui en train de payer la came cédée. Elle avait d´ailleurs savamment évité de trop s´attarder sur la détention et l´usage de came qui pèsent des «plumes» à côté de la commercialisation qui fait «plomb» sur l´autre plateau de la balance. La ridicule quantité, deux grammes et quelques...Puis Maître Barèche était entrée dans la «moelle» de l´article de la loi n°04-18 du 25 décembre 2004, où il est question de soins plutôt que de condamnation et de détention en taule, cette manière de faire qui n´honore aucun magistrat, du siège à qui le nouveau code a donné pleins pouvoirs d´éviter la répression et d´aller plutôt à la cure de désintoxication, seule issue pour repêcher un drogué, un malade qui est bien placé pour happer au vol la perche que la justice lui tend avec fermeté. «Pardon. Je demande pardon à la Justice», tels auront été les derniers mots prononcés par Liamine désarçonné par les demandes du procureur, mais apaisé par la brillante intervention de son conseil, Maître Barèche Baya, qui prit acte du verdict: Liamine. R. écope d´une peine de prison de un an ferme. Verdict heureux donc qui verra avec beaucoup de bonheur l´avocate sourire. Le récidiviste venait d´échapper à une peine plus lourde car il faut saluer bas Maître Barèche qui a tout entrepris pour pousser ce rugueux Barik qui ne pardonne jamais aux dealers, mais qui se montre très conciliant avec les drogués, même récidivistes et c´est de bonne guerre. D´après son sourire de fin d´audience, Liamine R., a dû avoir une pensée pour son défenseur qui a décidé de ne pas interjeter appel, sentant la poudre de cet appel à double tranchant, surtout que le parquet avait réclamé la peine minimale dans ce cas d´espèce, avec ceci de particulier: en ne demandant que deux ans d´emprisonnement ferme, le procureur avait sans doute estimé les poursuites exagérées avec les deux grammes et des poussières.