Karima M., une femme cadre, insulte le Dr Saliha Lounissi, c´est une troisième femme, Kassoul qui... Nous ignorons si la coïncidence l´avait voulu ou encore le fait que Maître Khalida Hadj Ammar, l´avocate de Douéra était à Hussein Dey, le temps de plaider une affaire de vol, renvoyée d´ailleurs, que le procès opposant une dame cadre inculpée d´insultes graves à l´encontre d´une collègue dans le même établissement hospitalier des hauteurs d´El Biar, était passé en dernier dans le rôle, vers les quatorze heures et quelque. Presque un huis clos. L´inculpée, qui était sous-directrice de l´hôpital au moment des faits, Soumia Kassoul, la juge de Bir Mourad Raïs (cour d´Alger) a précisé «économe», s´était farouchement défendue d´avoir insulté la victime, que l´avocate Maître Hadj Ammar Khalida avait présentée comme une dame respectable dont l´honneur avait été éclaboussé par les propos orduriers balancés devant des témoins dont quatre présents à la barre, allaient se contredire. D´ailleurs, fidèle à sa méthode de travail, Kassoul, la présidente, avait averti d´entrée les témoins: «Votre témoignage est précieux. Alors, soyez brefs, répondez à la seule question posée par le tribunal.» La première dame témoin est formelle «oui, la sous-directrice de l´époque a insulté le médecin devant moi», avait articulé la grande et fine employée, le visage rouge de satisfaction, surtout que la magistrate avait écouté une doléance de l´inculpée sans la suivre: «Madame la présidente, j´ai plus de vingt témoins qui peuvent vous dire la vérité et illuminer le tribunal. Beaucoup sont ici présents», lance-t-elle, la face jaune de douleur. Et la juge de continuer: «Ils sont ici?» L´inculpée répond en se retournant vers la salle quasi vide. «Oui, il y a ici Lamia, Mounir, Amar, Baya, Yasmine, Yassine, Anis, Dounia, Amina, Noureddine, Larbi, Houcine, Ali, et je...» «Bon, bon, vous n´allez pas ameuter toute l´assistance!», gronde, sans se fâcher, Kassoul qui va alors passer une bonne vingtaine de minutes à écouter tout et n´importe quoi. A part la brève et efficace intervention de l´avocate brune en faveur de la victime qu´elle présente comme une vieille connaissance, il n´y avait pas grand-chose à noter côté «sérieux» des quatre témoins qui s´étaient coupés - pas en quatre, mais en deux pour on aurait cru - se mettre d´accord pour que chaque partie du conflit ait chacune deux témoins. Dans l´arrière de la salle d´audience, un sexagénaire gigotait. Il se levait. Il se rasseyait. Il se relevait et continuait son ballet jusqu´au moment où la moitié de la brigade de la Dgsn, affectée à la bâtisse, le rappelle à l´ordre, le sommant de cesser ce mini-carrousel. Entre-temps, la présidente avait en face d´elle le dernier témoin qui paraissait si sûr de lui qu´il s´était cru être obligé de répondre à la seule question de la magistrate par une autre, poussant Kassoul à se tordre le cou et à reprendre cette recommandation: «Témoin! répondez à cette question: aviez-vous oui ou non entendu et vu la sous-directrice insulter cette femme?» L´avocate de Douaouda suit attentivement. La réponse ne se fit pas attendre: «non!» D´ailleurs, au cours de sa plaidoirie, l´avocate brune avait remarqué et fait donc remarquer à Kassoul que ce dernier témoin avait déclaré devant le procureur qu´il avait entendu et vu la «boss» du service insulter le médecin. C´est dire que depuis, l´inculpée est devenue directrice de l´établissement et qu´elle a, du coup, quatre-vingt-dix-neuf pour cent du personnel derrière elle: «C´est difficile de perdre le pain quotidien des enfants!», commente Maître Hadj Ammar qui a remarqué que la présidente n´avait pas apprécié. Après que Mourad Hellal, le gentil procureur eut requis une peine de prison ferme de trois mois, la présidente décida de mettre en examen le verdict d´une affaire qui n´aurait jamais dû quitter l´enceinte de Birtraria et El Biar! Une chose est sûre, Maître Hadj Ammar a fait et dit ce qu´il fallait, juste, quoi!