Comme pour le premier procès du mardi, celui du dimanche s´est achevé sur une relaxe de la secrétaire. En homme de loi, la victime est... La pression est née lors du début d´un procès qui a vu le président de la section correctionnelle du tribunal de Bir Mourad Raïs (cour d´Alger) suspendre les débats pour cause de piétinement des procédures, selon Maître Ouahiba Dehidah, l´avocate de la victime d´abus de confiance, en l´occurrence un avocat de la capitale. Et l´inculpée n´est autre que la propre secrétaire du conseil qui en est à sa deuxième affaire après celle d´abus de confiance qui a mené à la disparition d´une somme conséquente, du coffre-fort de l´avocat. Ces deux affaires ont soulevé des remous au sein de la corporation et le statut de secrétaire est en train de laisser penser que le bâtonnat est à même de revoir les liens entre l´avocat et son personnel même si cela relève de la personnalité propre de l´avocat de la secrétaire du chauffeur, de la femme de ménage... oui, mais voilà: la justice n´a pas de moyens techniques d´éviter de recevoir des plaintes de ce genre. Et nous avons des magistrats qui se trouvent dans un étau. Comment procéder pour ne pas heurter la sensibilité des robes noires, surtout celles qui ont le statut de victimes? Comment faire pour ne pas permettre aux inculpés poursuivis par des défenseurs, de crier aux deux poids, deux mesures? Cela revient là aussi, à la personnalité du juge du siège. Pour celui de l´affaire du jour, le magistrat remplaçant, il s´agit d´obtenir la vérité sans toute autre considération. Enceinte, l´inculpée parlait sans trop de peine. Elle répondait rapidement à toutes les questions du tribunal, comme si elle avait envie d´en finir! Et surtout qu´un agaçant brouhaha gênait les débats. Après l´inculpée, c´est au tour de l´avocat-victime de donner sa version des faits. Il explique que dans la pratique, il est impossible de faire sortir un cachet. «Nous avons tendu la main à la justice pour que justement son honneur soit sauf. Il est inadmissible que des magouilles aient eu lieu entre l´inculpée et un membre du parquet, un membre que tous à Bir Mourad Raïs désignent par les chuchotements comme étant un copain de l´inculpée», a dit un avocat en colère car c´est là tout le noeud de l´affaire avec cette volonté de ne pas aller vers l´instruction. «C´est inadmissible», diront les avocats. Maître Chérif Lakhlef sera le premier avocat de la victime à intervenir pour mettre en exergue l´immunité du cabinet d´avocat. «Le juge d´instruction a eu le bon flair en l´inculpant. Il avait donc des concordances sérieuses pour le faire», a dit le défenseur qui a rappelé que c´est grâce à Maître Fouad Ghlamallah, le deuxième avocat du cabinet, qui a découvert le pot-aux... épines. «C´est lui qui a eu le courage de dénoncer cet acte grave. Un acte d´autant plus grave que la secrétaire a commis un faux pas en se rendant au bâtonnat restituer le fameux cachet. Il y a abus de confiance et vengeance autour de la plainte du premier abus de confiance (vol de quatre cent soixante-deux millions de centimes déposés dans le coffre-fort). Le dinar symbolique est demandé en espérant que ce cachet n´ait pas servi.» Nous ne nous tairons pas pour ce qui s´est passé avant que l´affaire n´atterrisse sur le pupitre des deux juges. Celle du mardi et aujourd´hui. Maître Dehidah, plutôt calme ce dimanche, a refusé de revenir aux faits se contentant de flétrir l´acte grave du vol du cachet de son confrère-victime, un confrère qui avait poursuivi sa secrétaire après plusieurs tentatives d´aller à l´amiable, à la concertation, au dialogue et à la réception des mains de la secrétaire du fameux cachet sans bruit. Même la position de l´huissier est à saluer surtout que tout l´entourage du cabinet avait craint que le cachet pouvait servir à un papier compromettant pour la victime. «Surtout qu´on avait découvert un carnet d´imitation de la signature du patron du cabinet. Alors, la justice est au courant de ce que l´avenir peut réserver comme mauvaise surprise. On ne sait jamais», a conclu Maître Dehidah. Maître Fadila Benchalal allait rejoindre ses deux confrères en résumant les faits. Et juste après, elle se dit écoeurée par les manoeuvres basses, surtout celle qui a consisté à «faire disparaître une première plainte qui a poussé Talbi, le procureur en titre, à s´égosiller face au responsable de la pose de cette peau de banane...», a-t-elle dit. Naïma Amirat, la procureure demande une peine de prison ferme de dix-huit mois. Maître Kamel Sidi Maâmar, l´avocat de l´inculpée se veut être réaliste en soulevant de suite la racine du mot «secrétaire»: il y a secret! Et rien que pour cela nous allons revenir au b.a.-ba de la profession de secrétaire. Ce n´est pas seulement la frappe, le micro, elle était en pleine confiance. Elle ne pouvait pas «aller à la ligne rouge» et le conseil d´ajouter: «où est le préjudice au milieu de ces flots? Qu´a perdu entre-temps la victime? A-t-on seulement présenté un seul papier portant le cachet?», a balancé l´avocat de Tizi Ouzou qui a imagé le délit inexistant selon lui, avant qu´il ne demande de la relaxe. Puis, Maître Sidi Maâmar Kamel allait recevoir une pluie de répliques. Maître Lakhlef réplique en s´écriant: «Oui, il y a préjudice, et de gros préjudices moraux! Quelle aura été votre position si votre secrétaire vous avait volé votre cachet?» Le membre du Conseil de l´ordre s´énerve et entre alors dans cette comparaison du cachet de l´avocat qui ne vaut pas plus que celui de l´APC. Mais tout ce branle-bas n´aura servi à rien. Après une mise en examen du juge «novice» qui avait dit, rappelons-le, qu´il avait eu vent de ce dossier en discutant avec des collègues (tiens, tiens!) avait annoncé la relaxe de Ouahiba, pressée et heureuse d´en finir car cette audience, celle de Kirat Samira, en congé, aurait eu une autre vision qui pouvait aller jusqu´au complément d´information, mais hélas! trois fois, ainsi fonctionne la justice et personne n´y peut rien. Toutes les cassations, tous les appels finiront comme au tribunal. Et l´avocat-victime, qui a souri semble avoir compris qu´il était le pot de terre face au pot de fer qui n´est pas finalement Ouahiba, mais cette force obscure, tapie au tribunal de Bir Mourad Raïs et une force obscure agit dans le noir et, le noir, c´est le néant. Alors, quoi?