La victime de vol maintient que le détenu présent est bien le voleur...L´inculpé soutient tout le contraire. Il va même jurer. Le client de Maître Hayet Kadi est poursuivi pour vol et port d´arme blanche. Dès que le juge Hadj Rabah Barik a posé la première question, c´est la victime, une mère de famille, qui a commencé par marmonner. Le président la rappelle à l´ordre: «C´est à l´inculpé d´abord à répondre au tribunal.» L´inculpé invoque de suite Allah. Il jure qu´il n´y est pour rien. La victime est sûre d´elle. Elle est sûre qu´il était accompagné de deux jeunes qui ont fui dès que le voleur lui a arraché la pochette contenant neuf mille dinars. «Je suis certaine que c´est lui qui m´a bousculée. Je n´oublierai jamais cette face.» Puis la victime a parlé de cris, de pleurs, des gens ameutés, apeurés, l´arrestation de l´auteur du méfait: «Je ne demande que les papiers», soupire, la larme à l´oeil et la gorge nouée par la douleur et l´émotion, la victime qui parle de l´inculpé comme si elle vivait avec lui. Elle parlera même de ses deux soeurs rencontrées souvent au bain du quartier. Le jeune inculpé se tait. Maîtrisant le dossier, Maître Kadi, son avocate, attend de sauter à la gorge de...l´inculpation. Soudain, l´inculpé reconnaît que la victime est une voisine: «Je la connais, on se croise souvent, mais je ne l´ai jamais volée. On lui a dit que j´étais le seul voleur. Qu´on me ramène ces pseudo-témoins», s´insurge le jeune détenu alors que la victime pleure et laisse de grosses larmes argentées couler sur ses joues creuses, des joues qui vieillissent franchement la dame et lui donnent un air d´une vieille fille accablée par les vicissitudes nées d´un quotidien pas facile. L´inculpé, lui, ignore les coups de fouet que lauteur de vol à l´arraché encourt. Pour le moment, c´est qu´il a pu trouver une échappatoire, le voisinage. Maître Hadj Barik, fidèle à sa ligne de conduite, reprend l´instruction, sentant que cette terrifiante avocate allait soulever, tout à l´heure, que les procès-verbaux de la police judiciaire étaient parcourus à titre indicatif. Et c´est ainsi que Maître Hayet Kadi, le conseil s´accrochent sur le fait que son client nie. La victime vous a dit qu´elle avait retiré neuf mille dinars de la poste de Bou Ismaïl qui n´est pas dans la campagne. Elle est au Centre-ville. «On lui a arraché la pochette. Elle a dit mot à mot qu´elle avait été bousculée puis dépouillée de son sac à main. A cette heure de la journée, dans les environs de la poste, il y a grand-monde.» «Peut-être qu´on lui a arraché le sac, mais ce n´est pas mon client», a ajouté l´avocate qui s´est ensuite attaqué à la citadelle: port d´arme blanche. «Oui, il avait un couteau, mais le jour où il a été convoqué par la police, oui, il avait sur lui une lame car il a souvent sur lui de grosses sommes et il a besoin de se défendre contre les malfaiteurs-rôdeurs», a conclu l´avocate qui n´a demandé que la relaxe pour avoir insisté sur l´autre fait que le juge ne s´appuie que sur ce qui a été dit et entendu ce dimanche. «C´est la loi et l´article 112» ajoute-t-elle. Hadj Barik, qui avait auparavant pris acte des demandes de M. le représentant du ministère public: «Un an ferme outre une amende conséquente.» Ce sera l´ultime demande de Hemali qui rejoindra la lendemain El Biar pour le ministère où on a besoin de ses compétences, le temps d´une consolidation de ses connaissances, apprises avec amour, foi et détermination. Menant à bien sa mission, Maître Kadi prendra connaissance du verdict à l´issue des débats qu´aura dominés de bout en bout le juge très bien dans sa peau car sa devise est: «Ne craint les flammes que celui qui mange le foin.» En effet, à l´issue d´une courte mise en examen, le président de la section correctionnelle du tribunal de Koléa (cour de Blida) revient avec une décision qui rassure les parents de Ouali. S, le jeune inculpé. Il est relaxé au bénéfice du doute. Il faut seulement insister sur le fait que la victime étant une voisine de l´inculpé, n´avait pas mentionné ce détail, somme toute, salvateur pour Ouali qui avait souri depuis une bonne semaine, une semaine noire qui s´achève en...rose!