Les enseignants du secondaire ont répondu massivement, hier à l'appel de la Coordination. Venus de toute la wilaya d'Alger, ils se sont massés dès 10h devant le lycée Cheikh-Bouâmama (Ex-Descartes) pour dénoncer les dernières mesures décidées par le ministre de l'Education nationale Boubekeur Benbouzid. Sur les banderoles accrochées sur les abords du lycée on pouvait lire: «Non au bac taiwan», «Non au mépris», «Revalorisation des salaires= amélioration de nos conditions.» Il faut dire que la menace de radier de l'effectif de l'éducation les enseignants grévistes brandie, la veille, par le ministre, a eu un effet contraire que celui escompté par les pouvoirs publics. En effet, l'annonce de la décision de Benbouzid a été reçue comme une douche froide par tous ces enseignants qui espéraient voir leur tutelle consentir un geste en leur faveur. «Benbouzid barra!» (Benbouzid dehors), «Wizarra haggara!» (ministère de l'arbitraire), «Nous ne mangerons pas de pain noir», scandaient les dizaines de bouches. Un élan de solidarité s'est même créé autour des grévistes, lesquels ont reçu le soutien de la Cnapest, une organisation rivale qui s'était jusque-là démarquée de la grève. Rencontrés sur place, des membres de ce syndicat nous ont affirmé qu'ils allaient «mener des actions communes avec la CLA dont nous partageons beaucoup de points communs». Le secrétaire général de la CLA, Redouane Osmane avant de lever le sit-in, a exhorté l'assistance à revenir aujourd'hui. «Ne baissez pas la tête, nous avons le soutien de dix wilayas», lance-t-il à la cantonade. Osman animera ensuite un point de presse au siège du Cnes. «Nous avons organisé devant le ministère ce rassemblement, non pas pour être reçus, mais pour dénoncer l'attitude du ministre de l'Education nationale. La déclaration de Benbouzid est une menace directe de licenciement collectif des enseignants et des travailleurs ayant participé à la grève; une telle décision ne participe pas au dénouement de la crise, elle est inacceptable, d'autant plus inacceptable qu'elle émane d'un ministre censé être notre interlocuteur auprès du gouvernement.» Indigné le chef de file des grévistes lance: «Cette décision exprime la mise au pas des enseignants. Nous disons que le dialogue est respect et non mépris de l'autre. Le ministre a choisi des raccourcis en s'adressant aux appareils. Or, la CLA s'est imposée comme partenaire social incontournable.» Pourquoi la CLA refuse-t-elle de se «fondre» dans les autres syndicats? «ce sont des organisations absorbées par les jeux de coulisses dans le ministère.» Sur la Fédération nationale des parents d'élèves, il dira qu'elle «s'est déjugée, après nous avoir prêté main forte, elle a préféré faire volte-face». Et Osmane d'ajouter: «Nous prenons acte que les syndicats qui ont vu le ministre ont posé les problèmes, mais aucun ne nous a apporté son soutien. Nous maintenons la pression et nous exigeons l'ouverture d'un dialogue sans exclusive avec les représentants des enseignants et des travailleurs.» Il promet que «le mouvement ira en se généralisant». L'orateur affirmera aussi avoir «obtenu le soutien des enseignants de Mila, Bordj Bou-Arréridj, Béjaïa, Bouira, Oran et Constantine. Nous allons décider dès le début de la semaine prochaine d'une nouvelle série d'actions. Nous pensons toujours trouver la solution pour ne pas pénaliser les élèves.» Osmane promet qu'«avec l'aide des enseignants du primaire et du secondaire qui nous soutiennent, nous allons pousser le ministre et le gouvernement à prendre des décisions sages et sereines». «L'action de la CLA traduit un réveil identitaire dans le secondaire autour du statut professionnel dans les établissements.» «Beaucoup d'enseignants pensent quitter le secteur à cause du salaire dérisoire, notre action remet le débat de l'éducation au centre de la société», a-t-il conclu.