A l'approche des épreuves du baccalauréat 2003, prévus pour le 7 juin, le ministre de l'Education nationale persiste inlassablement dans sa politique de fuite en avant, sans pour autant tenter de suggérer des alternatives aux problèmes qui couvent dans les lycées de la capitale. Les victimes du mouvement de débrayage suivi par pas moins de 68 établissements de secondaire sont, sans conteste, les élèves en générale et ceux des classes de terminal en particulier. Le premier responsable du blocage actuel que connaissent les lycées demeure M. Salah Nourreddine, ministre de l'Education nationale. C'est ce qui ressort du moins de l'entretien que nous a accordé, hier, M. Osmane, responsable de la Coordination des lycées d'Alger (CLA). Après avoir constaté que le département de tutelle n'a pas daigné écouter ou examiner les revendications des enseignants du secondaire, la coordination radicalise son mouvement de protestation, en décidant de débrayer régulièrement quatre jours par semaine (dimanche, lundi, mardi et mercredi) et ce, jusqu'à la satisfaction de leurs doléances socioprofessionnelles. Cette grève cyclique a été votée à l'unanimité le 1er mai par les délégués des lycées affiliés à la CLA. Ils ont également décidé de boycotter les examens du troisième trimestre qui devront commencer le 10 mai. Jusqu'à hier, deuxième jour de grève, le taux de suivi du mot d'ordre est estimé à 70%, soit 68 lycées qui ont répondu à l'appel de la CLA. Aujourd'hui et à partir de 10 heures, les délégués des lycées tiennent un rassemblement devant l'établissement El-Idrissi (place du 1er-Mai). “C'est une manière de dénoncer la sourde oreille affichée jusque-là par la tutelle et de tourner le dos aux pouvoirs publics”, a soutenu M. Osmane. Notre interlocuteur poursuit pour expliquer et défendre la légalité de leur mouvement qui est, dit-il, un espace de solidarité et de convergences des forces des lycées. Une manière de répondre au ministère qui accuse la coordination d'activer dans l'illégalité. Quant aux propositions de dialogue avancées par le ministère de l'Education, il ne mâchera pas ses mots pour affirmer que les portes du dialogue ont été toujours cadenassées. Et d'ajouter que la coordination n'a pas reçu d'invitation du ministère. Au lieu d'œuvrer dans le sens du désamorçage de la crise, le département de Salah Nourreddine préfère plutôt agir dans le sens de casser le mouvement et ce, en montant, dit-il, des délégués de la CLA contre d'autres délégués avec la mainmise de l'UGTA. “Par ses mesures dilatoires, le ministre n'a fait que reculer le dialogue.” Abordant la question de l'éventuel boycott des examens du bac, il a affirmé que la coordination procède, dans sa démarche, par étape. Autrement dit, la direction de la coordination n'a pas encore examiné cette question, tout en n'excluant pas cette éventualité. Selon lui, si Salah Nourreddine persiste à se confiner dans son bureau et à ignorer les revendications, les enseignants qui ne souhaitent nullement vivre cette situation de boycott n'excluront pas, tout de même, cette éventualité. Il faut noter que selon nos sources, des voix se sont déjà élevées pour appeler carrément à l'organisation d'une deuxième session spéciale de baccalauréat pour la capitale. La Fédération des parents d'élèves de la wilaya d'Alger a appelé, hier, à la prise des mesures nécessaires pour l'arrêt de la grève observée dans certains lycées. La fédération d'Alger adhère, par ailleurs, à la demande de programmation d'une deuxième session du bac. Les pouvoirs publics, par la voix du secrétaire générale de l'académie d'Alger, préfèrent prendre en compte la revendication de la Fédération des parents d'élèves au lieu de pencher sérieusement sur la plate-forme des enseignants du secondaire. Repris par l'APS, le représentant de l'académie affirme que la grève est “une menace pour l'avenir des élèves d'autant plus qu'ils ont perdu des mois”. Enfin, il importe de se demander sur les intentions réelles de la tutelle qui s'éternise impeccablement dans sa position de spectateur d'un conflit dont son dénouement reste tributaire d'une simple attention à accorder à cette élite des établissements du secondaire. R. H.