Un commissaire de la Direction de la surveillance du territoire (DST, contre-espionnage français) et un commandant de la Division nationale antiterroriste (DNAT, de la direction centrale de la Police judiciaire), font partie d'une délégation des services de sécurité français dépêchée à Casablanca. Ils doivent «assurer une mission de liaison», précise-t-on de source marocaine, «dans la mesure où le parquet de Paris n'a pas ouvert d'enquête». Douze autres policiers français relevant de la sous-direction de la Police technique et scientifique (PTS, de la direction centrale de la Police judiciaire), et qui font partie de la même délégation sont des spécialistes de l'identification judiciaire et en explosifs. Ces attentats survenus après ceux de Riyad ont suscité la consternation dans le monde et incité à une mobilisation internationale des forces de sécurité. Plus de quatre cents experts de la lutte antiterroriste, issus de treize pays, se sont réunis hier en Australie pour confronter leurs stratégies alors que plusieurs attentats se sont produits dans le monde ces derniers jours. «Nous sommes inquiets de cette apparente résurgence des attentats d'Al-Qaîda», a déclaré Charles Prouty du Bureau fédéral d'enquête (FBI) américain. En outre, les ministres de l'Intérieur espagnol, allemand Otto Schily, français Nicolas Sarkozy, britannique David Blunkett et italien Giuseppe Pisanu, se sont réunis dimanche et lundi à Jerez pour traiter de l'immigration et du terrorisme en Europe. Les ministres ont souligné, à plusieurs reprises, que «les réseaux d'immigration illégale sont de plus en plus liés aux problèmes de sécurité qui préoccupent prioritairement l'Europe: ils servent à transporter les terroristes, les faux documents, les armes, la drogue...» De son côté, le gouvernement marocain «mobilisera tous les moyens nécessaires pour traquer les commanditaires et les auteurs des attentats perpétrés vendredi à Casablanca», a souligné le Premier ministre, M.Driss Jettou, porte-parole du gouvernement. En l'état actuel de l'enquête, aucun indice ne permet de dire que l'organisation terroriste Al-Qaîda soit derrière les attentats meurtriers de vendredi à Casablanca. «Déclarer dès à présent qu'Al-Qaîda est derrière ces attentats serait affirmer des choses dont nous ne sommes pas encore tout à fait certains», a affirmé M.Driss Jettou. Et d'ajouter: «Il est évident que ces actions qui ont été perpétrées contre le Maroc l'ont été par des éléments marocains en liaison avec des réseaux existant sur notre territoire, lesquels sont dans le même temps en relation avec le réseau terroriste international.» «Certes, ce réseau terroriste international est souvent décliné comme étant le réseau Al-Qaîda. Nous serons affirmatifs sur ces questions dès que nous en aurons la preuve concrète», a encore dit le ministre. En attendant, la quasi-totalité des polices européennes sont à l'affût du moindre renseignement, à même de fournir des indices sur des affaires en cours dans leurs pays respectifs. En fait, même si la piste d'Al-Qaîda n'est pas encore officiellement retenue, il n'en demeure pas moins que les Français, autant que les Américains, présents à Casablanca, y pensent très sérieusement.