Il n'apparaît dans le dossier des attentats qu'en novembre 1995. C'est devant la cour d'assises spéciale de Paris qu'on a mis en lumière «la guerre des polices» entre les services qui ont fait l'enquête sur les poseurs de bombes de 1995 et fait parfois oublier les deux accusés, Boualem Bensaïd et Aït Ali Belkacem. C'est ce qu'a rapporté l'agence Reuter, dans un communiqué signalant la rivalité entre les enquêteurs de la Dnat (Division nationale antiterroriste), la DST (Direction de la surveillance du territoire) et la Brigade criminelle, sur la «traque» livrée aux poseurs de bombe de 1995 mettant en lumière une telle confusion qu'un policier pourrait bien être la première victime de l'audience. Ce sont les avocats des principaux accusés qui ont demandé l'audition des patrons des principaux services antiterroristes de l'époque. Deux points noirs des services ont été largement débattus lors du procès du dossier pour la police française : son impuissance à interpeller Ali Touchent, alias «Tarek», organisateur présumé de la campagne de terreur du GIA (Groupe islamique armé) et auteur direct présumé de plusieurs attentats, et la lenteur des services de police dans l'exploitation des indices matériels. Un ex-policier de la Dnat, Gérard Masson, interrogé jeudi à la barre, a jugé «impensable» que soit fondée la rumeur, selon laquelle Ali Touchent était un agent double ou triple, travaillant à la fois pour le GIA, les services secrets français et algériens. Fiché par la DST dès 1993, après une vague d'arrestations à laquelle il avait échappé, Ali Touchent n'apparaît dans le dossier des attentats qu'en novembre 1995. Une photographie prise lors d'une surveillance - elle le montre dans une cabine téléphonique - est alors versée au dossier sans autres informations par les Renseignements généraux. «Nous avons dû reprendre tout le travail à zéro, en exploitant à nouveau tous les scellés», a expliqué ven- dredi à la barre Christophe Descoms, ex-chef de groupe à la brigade criminelle, saisie en 1999 d'un complément d'enquête. Le travail de la brigade criminelle sur les indices, comme l'abonnement Ratp d'Aït Ali Belkacem - dont une expertise a montré qu'il était dans la rame du RER où a explosé une bombe le 17 octobre 1995 - a enfin rendu possible le procès d'assises, sept ans après les arrestations.