Ce réseau dormant est soupçonné de recruter des terroristes. Six personnes, pour la plupart des Algériens, ont été interpellées hier matin en banlieue parisienne dans le cadre de l'enquête sur un projet d'attentat islamiste visant la cathédrale de Strasbourg (est de la France) lors des fêtes de Noël 2000, a-t-on appris de source proche du dossier. Ces suspects ont été arrêtés par les policiers de la DST (Direction de la surveillance du territoire, contre-espionnage). Les six interpellés, dont une femme, ont été conduits dans les locaux de la DST et placés en garde à vue. Au domicile des suspects, les policiers allemands avaient saisi des armes, des explosifs, mais aussi une cassette vidéo renfermant des vues de la cathédrale et du marché de Noël de Strasbourg. La justice française, estimant que cette cassette contenait des éléments ressemblant «à un repérage effectué dans la perspective d'un attentat», avait ouvert une information judiciaire contre X pour «association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste». Il s'agissait notamment de repérer l'existence d'éventuels correspondants de ce réseau sur le territoire Ce coup de filet intervient 24 heures à peine après l'arrestation à Paris de cinq personnes -quatre Algériens et un Français- soupçonnées d'appartenir à un réseau dormant du Groupe salafiste pour la prédication et le combat (Gspc) de Hassan Hattab. Parmi eux, il y a Redouane Daoud, un Algérien de 25 ans, évadé en juin dernier d'une prison aux Pays-Bas où il avait été arrêté deux mois plus tôt. Il a été présenté dimanche dernier par les enquêteurs français comme «un gros poisson». Les cinq prévenus sont présumés proches du Gspc, affilié au réseau Al-Qaîda d'Oussama Ben Laden et des soupçons pèsent sur eux quant à leur soutien logistique au Djihad international. Redouane Daoud, le principal inculpé, a été appréhendé alors qu'il venait de prendre contact avec quatre personnes soupçonnées de former un réseau fournissant faux papiers, ressources, accueil et hébergement aux volontaires en partance pour les «zones de combat», ainsi qu'à ceux qui en reviennent avant de se fondre dans l'anonymat. Le suspect avait été repéré puis identifié par les spécialistes antiterroristes de la Direction centrale des renseignements généraux (Dcrg) et de la Division nationale antiterroriste (Dnat, de la direction centrale de la police judiciaire), qui épiaient «depuis plusieurs semaines», les membres d'un réseau appartenant à la mouvance «islamique internationaliste», également réputée proche d'Al-Qaîda. Les quatre autres hommes arrêtés, un Français et trois Algériens, sont âgés de 26 à 32 ans. Les perquisitions, tout le week-end, aux domiciles de trois d'entre eux, ont permis de récupérer plusieurs téléphones portables qui seront expertisés, ainsi qu'une centaine de cartes téléphoniques de provenance douteuse et divers matériels. Les enquêteurs doivent maintenant savoir si Redouane Daoud avait pris contact avec ce réseau pour en devenir un «client» ou, au contraire, être un parmi les «donneurs d'ordre». Pour leur part, les autorités néerlandaises ont déjà fait savoir qu'elles comptaient demander à la France l'extradition de Redouane Daoud. Ce coup de filet parisien intervient alors que le Gspc redouble de violence meurtrière contre les forces de sécurité en Algérie.