Un voleur fait le double des clés du domicile de la voisine dont le fils, mineur, remet l´original au voleur. La mère était partie tôt le matin au boulot. Pour ce faire, elle prit soin de laisser les clés du domicile à son fils mineur par l´intermédiaire de la voisine qui se trouve être mère d´un mineur qui a l´esprit qui va tourner. En effet, ayant une dette envers un voisin, il s´est amusé à utiliser les clés pour un cambriolage en bonne et due forme. Ils ont tout pris. Ils ont pris tout ce qui avait du prix. Il faut dire entre les lignes que les deux mineurs n´avaient pas utilisé le trousseau de clés de madame. Ils en ont fait des doubles et des solides. Mehdi B. vingt et un ans, propriétaire d´un bureau de tabacs est debout à la barre flanqué «affectueusement» de son conseil. Maître Chadli Zouina raconte à voix basse les faits, ce qui pousse Rabia Benamrane, la présidente du tribunal criminel, à demander, à l´accusé d´élever un peu mieux le ton. Apparemment, l´accusé Mehdi dit ce qu´il veut bien, ce qui l´arrange. Fidèle à sa stratégie de diriger les débats, Benamrane mène les débats comme cela l´arrange. Elle pose les bonnes questions sans obtenir à tous les coups les bonnes réponses. Visiblement, à l´aise face aux trois accusés jeunes et beaux, malgré la menace de recevoir des tuiles lourdes sur la nuque, la présidente accélère l´interro et évite de tomber dans les répétitions agaçantes qui mènent vers l´impasse. Marich Ali-Mohammed, le procureur général, demande à l´accusé où il se trouvait le jour du casse et du cambriolage du domicile de Fatima. «J´étais loin des lieux du méfait», avait répondu l´accusé qui craignait d´être coincé par ce procureur qui est monté au «Ruisseau» depuis le tribunal d´El Harrach connu pour la rigueur de ses parquetiers. Mieux! Mehdi était très vigilant face aux questions pièges enfonçantes du parquetier. Il ignore si on a brisé la porte du domicile. Il ne sait pas si on avait volé ou non des bijoux. Il reconnaît que le mari de la victime soit venu le voir mais ignore pourquoi. Le deuxième accusé Mehdi H. né en 1980 et fait dans la maintenance. Le recel que l´accusation lui avait collé représente des achats d´objets volés notamment au micro-ordinateur où il y avait la photo de son propriétaire sur l´écran une fois allumé. «Et les bijoux? demande la présidente. Mehdi nie farouchement. Il est capable de répliquer à un commentaire de Benamrane qui relève qu´il avait trois jours pour déclarer que l´écran du micro contenait la photo de Hamid. Il répond que le premier accusé a l´habitude de lui refiler de la marchandise. «Nous commerçons ensemble depuis longtemps. Je n´avais aucune raison de me méfier. Ce jour-là, il m´a ramené deux sachets au magasin. Il y avait dedans des objets. Maître Kamel Mameri, son avocat, proteste contre ce qu´il a appelé un harcèlement du procureur général. Maître Zouina pose une excellente question à propos de Hamid dont la photo trônait sur l´écran ouvert. «Est-ce qu´il connaît la victime?» articule l´avocat de Sidi Yahia. «Non, madame la présidente, répond Mahdi, très serein et fortement amaigri, selon ses proches. Maître Mohamed Khiat son avocat, fait excellemment son boulot de conseil. Il prie son client de répondre aux membres du tribunal criminel et non à Maître Zouina qui posait sa septième question autour de la situation géographique du premier accusé par rapport au deuxième. A son tour, dominant son sujet, Benamrane refuse de reprendre les mêmes questions déjà posées par les avocats des uns et des autres. Mahdi refuse d´aller vers la logique du procureur général. Il dit qu´il avait acheté le micro chez une connaissance. Nous remarquons dans ce procès l´ouverture d´esprit des membres du tribunal criminel avec ces deux jurés qui n´ont pas hésité à participer activement en posant de bonnes questions. Chafik M. est né en 1981 à Bab El Oued, commerçant sans autre précision, est lui aussi poursuivi pour le même crime «recel». Il raconte les circonstances dans lesquelles il a acheté les objets volés. «Moi aussi, j´avais fait confiance à l´ami qui est venu me proposer pour quatre-vingt mille dinars tout le lot-y compris un appareil photo et une paire de jumelles. Nous avions débattu les prix car il y en avait trois. Un prix proposé par le revendeur et deux par moi, avait marmonné l´accusé qui a nié toute relation avec les portables volés. «Quant aux boucles d´oreilles, le collier et boutons de manchettes, ils m´ont été offert à titre gracieux, pour avoir acheté tout le lot.» «N´aviez-vous pas trouvé anormal ces cadeaux?» «Non, c´est la coutume entre les commerçants», répond l´accusé. Keltoum Benkara et Nacéra Daho, les deux charmantes et rompues aux bons débats, participent activement au procès... L´unique témoin de ces affaires de vol, celui-là qui purge sa peine de mineur, est aujourd´hui majeur car il est âgé en ce mois de fin d´octobre 2010 de dix-huit ans et quelque...(c´est sa précision). D´emblée, il ne sait rien. Benamrane lui vient en aide et lui rappelle qu´il n´était ici qu´en qualité de témoin. «Vous aviez fauté. Vous aviez été jugé avec les mineurs. Vous n´avez rien à craindre. Parlez-en toute liberté», avait dit la juge qui a souri lorsque Chakib a dit haut et fort qu´il avait écopé de six ans de prison «Doulmen» (à tort, une injustice)!!! Saluons au passage la vigilance des conseillères qui attirent l´attention de Benamrane à chaque fois que les acteurs ne se faisaient pas entendre dans la salle. Merci, mesdames!