Chacun sait que le principe de l´alternance en politique est érigé en vertu au même titre que la démocratie. Un principe que Sarkozy n´a pas hésité à faire voler en éclats, mardi soir. Comme beaucoup d´observateurs, nous avons suivi avec intérêt l´intervention télévisée du chef de l´Etat français, Nicolas Sarkozy, mardi soir à la télévision française. Mais que l´on se rassure, nous laisserons les points de politique intérieure aux commentateurs français dans leurs débats strictement franco-français. Par contre, une grande idée universelle, qu´il a énoncée, a retenu notre attention. Elle incite à la réflexion. L´idée se trouve dans ce passage de son intervention: «J´ai regardé sur les dix dernières années, on avait changé de ministre des Finances pratiquement chaque année, quelle crédibilité de la France quand les ministres des Finances changent chaque année?...Christine Lagarde est une très bonne ministre des Finances, elle doit continuer son travail...Que peut faire le ministre de l´Education nationale s´il change à chaque manifestation? Il n´y a plus de continuité...J´ai voulu, en renommant François Fillon et en confirmant les principaux ministres, donner de la stabilité, de la solidité... la France est inquiète, il y a la crise, des gens qui ont souffert et si en plus à la tête de la France, on donne le tournis par une organisation qui change toutes les cinq minutes alors on accroît l´anxiété.» Quoi qu´on pense, quoi qu´on dise, Nicolas Sarkozy, aura marqué, à sa manière, l´histoire de France. Par son impopularité relevée par tous les sondages. Par ses passages en force pour imposer ses grandes décisions, dont le moins que l´on puisse dire, d´où sont exclus tout dialogue et concertation. Il n´en reste pas moins un homme politique qui a été capable d´atteindre le sommet du pouvoir. Il faut pour cela avoir des qualités exceptionnelles. Alors, quand il énonce certaines vérités, celles-ci méritent que l´on s´y arrête et y réfléchisse sérieusement. Quand il dit que «le changement (du personnel politique) répété tue la continuité, menace la crédibilité, la stabilité (d´un pays) et accroît l´anxiété» des peuples, et que des Algériens entendent cette affirmation, ils ne peuvent pas ne pas y trouver matière à réfléchir sur certains dogmes actuellement en vogue dans le monde occidental et leurs incidences sur la gouvernance de leur pays. Chacun sait que le principe de l´alternance en politique est érigé en vertu au même titre que la démocratie. Un principe que Sarkozy n´a pas hésité à faire voler en éclats, mardi soir. Ce n´est pas le seul principe sacré qu´il remet en cause dans son intervention. Pour lui, les droits de l´homme ne résistent pas à l´intérêt supérieur de l´Etat quand il justifie la détention par la Chine de l´opposant, Liu Xiabo, prix Nobel de la paix 2010. Voilà de quoi «réveiller» certains d´entre nous qui prennent pour argent comptant les théories occidentales sur la démocratie et l´alternance. Et c´est du pays des droits de l´homme que le contraire nous parvient. Pour peu que l´on se donne la peine de plonger dans une rétrospective, nous nous rendons compte que cette fameuse «alternance» a sévi dans notre pays. Depuis l´Indépendance, nous avons eu droit à 7 chefs d´Etat. Durant la même période la France en a eu 6. Nos deux pays ont changé deux fois de régime passant du socialisme au libéralisme pour l´Algérie, et du libéralisme au socialisme pour la France pour verser aujourd´hui dans l´ultralibéralisme. Des «points communs» qui semblent n´avoir porté chance ni à l´un ni à l´autre pays. Par contre, chez nos voisins du Maghreb, il en va tout autrement. La Tunisie a eu deux chefs d´Etat. Le Maroc, c´est le même régime depuis des siècles. La Libye a le même chef d´Etat depuis 41 ans. Au-delà des critiques qui peuvent être opposées à ces pays, il est incontestable qu´ils bénéficient d´une stabilité et que leurs peuples sont épargnés de «l´anxiété» évoquée par Sarkozy. Dernière remarque: les relations des Français sont au plus bas avec leur président de la République, tout comme les relations entre la France et l´Algérie depuis son arrivée. Une réflexion sur cette «convergence» revêt un intérêt certain. Ceux qui ne l´auraient pas encore fait gagneraient à ne plus perdre de temps. ([email protected])