Par médias interposés, les président iranien et français s'échangent les amabilités, et Mahmoud Ahmadinejad ne s'est pas fait prier pour discréditer Nicolas Sarkozy en affirmant, dans un entretien accordé mardi à la chaîne de télévision française France 2 : “Je pense que le peuple français mérite mieux que ses dirigeants actuels.” Suite aux déclarations du 31 août dernier de Nicolas Sarkozy, lequel avait fait part de son soutien aux manifestants qui contestaient la réélection d'Ahmadinejad en affirmant notamment. “Je voudrais dire combien nous sommes admiratifs du courage du peuple iranien. Je veux redire qu'il mérite mieux que les dirigeants actuels”, le président iranien a répliqué : “Je pense que le peuple français mérite mieux que ses dirigeants actuels. Pour moi, la colère de Monsieur Sarkozy n'est pas recevable.” Plus explicite, il a répondu sans équivoque aux questions du journaliste qui voulait connaître sa réaction aux propos du chef de l'Etat français, en ajoutant : “Ce monsieur Sarkozy s'ingère dans les affaires intérieures de notre nation. Moi aussi j'ai un avis semblable. Pour moi, la colère de Monsieur Sarkozy n'est pas recevable.” Le président français Nicolas Sarkozy devait réagir hier à la télévision française aux déclarations du président iranien Mahmoud Ahmadinejad, selon l'élysée. “Le président iranien a souhaité s'exprimer à la télévision française. Le président Sarkozy réagira demain (mercredi) également à la télévision française”, a-t-on indiqué dans l'entourage de Nicolas Sarkozy. Pour revenir à l'interview de Mahmoud Ahmadinejad, il y a lieu de signaler qu'il s'en est également pris au chef de la diplomatie française auquel il reproche d'avoir contribué aux troubles qui ont suivi sa réélection. À ce sujet, il dit : “Nous regrettons l'action de ceux qui ont provoqué ces troubles. Posez donc la question à la chaîne de télévision la Voix de l'Amérique, à la BBC et au ministre français des Affaires étrangères qui ont incité les gens à se révolter.” À la question de savoir s'il considérait que le ministre français des Affaires étrangères était “responsable de la mort de Neda”, la jeune Iranienne tuée lors des manifestations à Téhéran en juin et devenue l'un des symboles du mouvement de contestation, il répondra sans hésiter : “Oui, il est responsable lui aussi.” Concernant l'affaire Clotilde Reiss, cette jeune Française de 24 ans arrêtée le 1er juillet, puis incarcérée avant d'être libérée à condition de rester à l'ambassade de France, le président iranien a semblé dessiner une proposition de compromis, assortie de conditions. Il affirme néanmoins : “Mais vous devez savoir qu'il y a quelques Iraniens qui sont en prison en France depuis des années. Ce sont des prisonniers qui, eux aussi, ont une famille, eux aussi ont un père, une mère.” Quant à une éventuelle grâce, il jettera la balle dans le camp de Paris en rétorquant : “Malheureusement, nous n'avons vu aucune action du gouvernement français en faveur de ces prisonniers.”