«La solitude, c´est promener son chien.» Aziz Chouaki "Extrait de Arobase" Après la mise à l´écart, l´année dernière, de Mascarades de Lyes Salem, le film arabe et africain le plus primé en 2009, la Fondation du Festival international du film de Marrakech, (Fifm), n´a sélectionné cette année aucun film algérien. Deux films les plus en vue ces dernières semaines, ont été écartés du Festival de Marrakech Hors-la-loi de Rachid Bouchareb, doublement primé au Festival de Damas et Voyage à Alger de Abdelkrim Bahloul, Tanit d´argent au JCC de Carthage, ne figurent pas dans la sélection. Les responsables du Festival de Marrakech ont préféré les écarter de la compétition pour ne pas les récompenser. Parmi les 15 films sélectionnés pour la compétition officielle, aucune oeuvre connue ou célèbre. Dix d´entre eux sont même des oeuvres inédites. Le festival que dirige Mélita, la femme du président défunt d´Unifrance Toscan Du Plantier, se veut avant tout comme un festival d´avant-garde, découvreur de talent et pas comme Carthage ou Ouaga, des festivals aux commandes de la Francophonie et de l´Africanité. Le Festival de Marrakech est, avant tout, une manifestation high light, où sont associés plusieurs secteurs du gouvernement chérifien comme les Finances, la Culture, la Communication et surtout le Tourisme, le tout sous la direction du numéro 2 du Royaume, le prince Moulay Rachid, qui a été intronisé comme le président de la Fondation du Festival international du film de Marrakech. Contrairement à Mascarades, la non-sélection du film de Rachid Bouchareb est avant tout une histoire de frontière artistique. Rachid Bouchareb, qui avait collaboré avec le Maroc, pour la production de Indigènes en 2006, avait décidé en 2007, d´inscrire le film aux Oscars au nom de l´Algérie, alors que le pays d´origine de Bouchareb, n´avait mis aucun centime. Une décision qui a été mal perçue par les Marocains, qui ont décidé de ne pas participer à la production du film Hors-la-loi, laissant le champ cette fois aux Tunisiens qui n´avaient pas, eux, participé à la production de Indigènes. Il faut dire que Rachid Bouchareb, maitrise à la perfection, grâce à son talent et sa réussite, le processus de production, très lourd en Europe et surtout inexistant dans les pays du Maghreb. Ce n´est pas le cas à Hollywood, où les studios et les majors subissent seuls le coût de la production, sans l´apport des financements publics ou des chaînes de télévision. Si Hors-la-loi, n´a pas été sélectionné à Marrakech, ce n´est pas en raison des tensions politiques qui touchent actuellement le Maroc et l´Algérie, mais serait bien la décision dictée notamment par la puissante Mélita Toscan Du Plantier. La présidente du Fifm, qui représente les intérêts français au Festival de Marrakech, ne souhaiterait pas qu´un film produit majoritairement par la France, mais qui est soutenu dans les festivals, par l´Etat algérien à travers ses puissantes institutions publiques, comme le ministère de la Culture, le ministère des Moudjahidine l´ARC et surtout sponsorisé par la plus importante compagnie des hydrocarbures d´Afrique, la Sonatrach, soit sélectionné en compétition à Marrakech, sachant pertinemment que devant le niveau des films sélectionné, le film de Bouchareb est capable de décrocher le Grand Prix du Festival. Quand à Voyage à Alger¸ c´est la mise en vedette dans le film de Boumediene, considéré comme l´homme qui a tenu tête à Hassen II, qui irrite les Marocains et sa présentation risquerait de réveiller de vieilles querelles politiques. [email protected]