«Mon école de cinéma, c´est mon père!» Sofia Coppola Dans la série des grands reportages, Canal+ a frappé fort, lundi, avec la diffusion du documentaire Caïds des cités. L´enquête nous a fait plonger sans masque dans l´univers des grands truands issus des cités. Réalisé par Jérôme Pierrat, journaliste et écrivain spécialisé dans le grand banditisme, le documentaire, Caïds des cités, le nouveau grand banditisme, diffusé dans l´émission «Spécial Investigation» sur Canal+ a fait un carton puisqu´il a réuni 1,04 million de téléspectateurs abonnés, soit 16,8% du public présent devant la télévision. Le documentaire sur les coulisses des banlieues avait nécessité une année de travail en immersion. La chaîne cryptée se félicite de l´excellent score d´audience et rediffusera dans cette même case, le 7 février. «Embedded camera» [en camera embarquée] (style utilisé par les journalistes de CNN qui suivent l´armée américaine en Irak), une équipe de Canal+ a suivi, durant un an, le quotidien de ces braqueurs de banlieue. Le premier, surnommé «Renard», est un trafiquant de voitures à grande échelle, utilisant une technologie russe afin de faire démarrer n´importe quel véhicule. Vient ensuite, Stéphane, qui nous entraîne dans une opération «go fast», un convoi de stupéfiants (150 kg de shit et 10 kg de cocaïne) entre les Pays-Bas et la France. On suit aussi «PSG», un trafiquant d´armes, dont l´étalage est composé de kalachnikovs, d´explosifs et de pistolets 9 mm, qu´il teste face caméras. Mais celui qui a le plus marqué, est bien Redouane Faïd, ancien braqueur de banques devenu, le temps d´un quart d´heure américain, la star des cités, le seul témoin dans le documentaire qui s´exprime à visage découvert. Il révèle, par exemple, comment le film de Michael Mann Heat a inspiré son gang pour commettre un braquage. Image étonnante quand ce dernier, tout juste sorti de prison, assiste à une conférence de presse à Paris de Michael Mann et lui révèle que son film l´a inspiré pour devenir gangster. Le réalisateur américain, visiblement surpris par cette révélation, n´a pas voulu faire de commentaire. Redouane Faïd, qui offre une belle gueule de bandit à la Robin des Bois, a toujours rêvé de faire du cinéma. Il va sans doute, après la diffusion de ce reportage, recevoir des offres alléchantes, notamment celle de Raoul Dafri, auteur du scénario de Mesrine, qui sera ravi d´adapter l´histoire de Redouane à l´écran. Au-delà du thème, c´est surtout la méthode d´investigation qui attire l´intention. Le journaliste était totalement infiltré dans le groupe des caïds et a planté sa caméra à l´intérieur d´un réseau de la grande criminalité. Une audace qui a surpris le procureur de Marseille qui était invité sur le plateau de l´émission. Jérôme Pierrat a expliqué qu´il a risqué sa vie, car ça pouvait finir mal quand un des interviewés était poursuivi par des voitures de police ou encore, quand un des caïds, faisait des essais avec ses armes et ses explosifs. Au final, Caïds des cités est un document choc d´une exceptionnelle qualité, d´une réalité renversante, qui témoigne de la grande rigueur de Canal+ dans le choix de ses documentaires. [email protected]