Après les attaques américano-britanniques, les Etats restent partagés entre soutien et condamnation. La guerre aux taliban ayant commencé, des réactions affluent de partout. Le plus souvent, pour témoigner leur solidarité avec les Etats-Unis. En effet, le message du président américain a été bien compris. «Chaque nation doit choisir son camp, il n'y a pas de position neutre», disait-il dans son message à la nation américaine. Dans ces conditions, il est clair, pour lui, que pour ceux qui ne choisissent pas le camp des Américains et de leurs alliés, se rangent automatiquement avec leurs ennemis terroristes. Ces derniers ont désormais un nom spécifique: les taliban. Même l'ex-roi afghan, Mohammed Zaher Shah, a reconnu «le droit légitime des Etats-Unis de poursuivre les coupables de l'attaque du 11 septembre» tout en réclamant pour son pays le droit de choisir «librement son destin politique». D'autres pays, beaucoup moins nombreux, ont, néanmoins, condamné les frappes américaines en Afghanistan. Sans surprise, le Soudan rejette une guerre «contre un pays musulman». L'Irak, également, par le biais d'un communiqué officiel, qualifie les attaques d'«agressions». Le pouvoir irakien estime que «les vrais croyants ne peuvent que condamner cette action, non parce qu'elle a été commise par l'Amérique, mais parce qu'il s'agit d'une agression perpétrée en violation de la loi internationale». L'Iran, qui est en revanche, ennemi déclaré des taliban, n'a pas hésité non plus à mettre en garde les Etats-Unis contre toute violation de son espace maritime et aérien. Le chef de la diplomatie iranienne, Kamel Kharazi, rappelait hier que «dès le début, nous avons dit que pour lutter contre le terrorisme, il ne fallait pas faire la guerre. Il faut examiner les causes du terrorisme et le déraciner». Le Vietnam, en dernier lieu, a appelé, pour sa part, à la «fin immédiate d'une guerre extrêmement dangereuse.» Le monde arabe a été très discret et extrêmement prudent. Hormis le soutien voilé des pays du Golfe et celui, circonspect, de l'Egypte, plusieurs pays ont préféré s'abstenir de tout commentaire. «Les Etats-Unis ont le droit, dans le respect de toutes les lois internationales, de riposter s'ils ont des preuves concluantes qu'Oussama Ben Laden et son groupe Al-Qaîda ont perpétré ces actes terroristes et que le gouvernement afghan les aide à les perpétrer, ou le cache», affirmait, hier, le conseiller du président Moubarak. Le Maroc avait également soutenu implicitement les frappes militaires et ce, en exprimant son «attachement à une conduite sage et mesurée de l'opération en cours». Le ministre libanais de l'Information, M.Ghazi Aridi remarquait, en revanche, que «Washington a mené son action délibérément 48 heures avant la réunion du Conseil ministériel de l'Organisation de la Conférence islamique et celle de la Ligue arabe dans le but délibéré de mettre le monde arabe et islamique devant le fait accompli». Pour ce qui est du reste du monde, un soutien significatif a été enregistré. Outre les pays qui participent activement dans l'opération militaire américano-britannique, les autres pays comme la Chine, le Japon, la Russie, l'Italie et l'Espagne soutiennent vivement cette action même s'ils s'inquiètent de ses conséquences sur les civils. Il est, néanmoins, clair que des questions restent encore posées dans l'esprit de certains de leurs concitoyens qui ne semblent pas parfaitement convaincus de la nécessité d'une telle offensive. A Amsterdam, une centaine de manifestants s'est rassemblée dimanche devant le consulat des Etats-Unis afin de protester contre les bombardements américains en criant: «La vengeance n'est pas une solution.» Une manifestation, de même nature, a eu lieu à Chicago. Les communistes français et allemands ont également appelé à ce que toute action de riposte soit mise en oeuvre dans «le cadre et sous l'égide des Nations unies» et de rappeler que l'offensive américaine implique systématiquement «le danger d'une incontrôlable escalade de violence». Le général russe Léonid Ivachov, ancien chargé des relations extérieures au ministère de la Défense, s'exprimait hier pour dénoncer l'inefficacité des frappes américaines et pour s'indigner devant les cibles. «Les frappes utilisent des missiles de croisière et des bombardiers (...) détruisent des objectifs qui n'ont aucune signification stratégique, car les taliban ou les terroristes les ont sans doute fuis», disait-il.