Profiter d'une tragédie pour reconquérir le terrain perdu n'est autre que lâcheté. «Toute collecte et distribution de dons par des individus ou des associations directement auprès des citoyens demeurent formellement interdites», rappelle la cellule nationale de gestion du séisme du 21 mai. En effet, depuis la tragédie survenue dans les régions de Boumerdès, d'Alger et dans les zones limitrophes, des individus profitent de cette catastrophe naturelle pour se livrer à des collectes de denrées dans les localités du territoire national, en particulier au niveau de la capitale. La cellule nationale de gestion de la crise tient à rappeler qu' «un dispositif de collecte de dons de la population destinés aux sinistrés a été bien mis en place par le canal du Croissant-Rouge algérien, auprès des Assemblées populaires communales ou enfin au niveau du dépôt central de collecte situé à la Foire internationale d'Alger». Sur le terrain, tout le monde s'érige pour donner des leçons et se donne les pleins pouvoir d'agir. En effet, pour récupérer le «mécontentement de la population» totalement justifié à cet égard et en pareille circonstance de désespoir d'avoir tout perdu, une catégorie de personnes, mégaphone à la main, barbe hirsute, pantalon bouffant «disputent aux pouvoirs publics le terrain de la solidarité si rentable sur le plan politique». Tout convoi annoncé, on est là, prêt à être repéré et à se mettre en évidence. Les dons qui passent de mains en mains sont distribués, accompagnés, d'un discours à connotation religieuse. Ainsi, profitant de cette tragédie nationale, les militants d'une formation politique bien connue ont vite fait de réactiver leurs réseaux, en veilleuse, d'entraide comme durant les années 1990. Un scénario identique à celui de 1989 est visible sur le terrain. On est là pour prêcher et prendre la place de l'Etat qui «est absent en cas de malheur ou de tragédie». Le profit visé par toutes ces actions «bénévoles» orchestrées par cette catégorie de personnes n'est que la reconquête du terrain perdu. L'exploitation des malheurs, des souffrances, des pleurs a été une occasion offerte à ces «pèlerins» de promesses d'un monde meilleur pour la propagande et l'agitation. Les pouvoirs publics ont compris ce manège et invitent «la population à faire preuve de vigilance et instruisent les services de sécurité pour empêcher les collectes des denrées par des individus qui constituent un délit». Il est évident aujourd'hui de constater que la collecte des dons a été très significative. Le plan de distribution de ces denrées, tel que défini par l'autorité publique, est fort appréciable dans son ensemble, malgré quelques écueils rencontrés çà et là. En effet, dans les zones touchées par le séisme, la vie reprend peu à peu son cours. Il faudra du temps pour arriver à harmoniser toute «cette nouvelle vie» au sein des camps de toile. On s'achemine vers la résorption rapide de tous les problèmes de l'heure à condition d'éloigner tout subterfuge politique sur le terrain.