Ce peuple, qui sait s'unir et dépasser toutes ses divergences dans les moments difficiles, peut réagir de la sorte face à ceux qui pensent qu'il est ce qu'il n'est pas. Attention ! Plusieurs faits étaient réunis pour garder les gens chez eux, mercredi 21. La finale de la coupe de l'UEFA entre Porto et Glasgow, le début du week-end...il était 19h 45, quand subitement la terre a commencé à trembler. La forte secousse ébranle les bâtisses pendant 40 longues secondes. Les gens courent dans les rues et c'est le début d'une longue nuit de peur et d'angoisse. En petits groupes, les familles cherchent à comprendre. Certains hommes tentent d'en savoir plus. La télévision annonce le séisme et localise l'épicentre à Thénia. La panique gagne les parents des élèves étudiants résidant à Boumerdès. Le téléphone ne fonctionne plus. Avec l'arrivée de la nuit la peur augmente surtout que la seule source d'information, la télévision, ne réagit que par des communiqués de plus en plus incertains. Les chaînes étrangères parlent déjà d'une catastrophe certaine alors que chez nous on dénombre une cinquantaine de blessés ! L'appel d'un responsable de la Protection civile qui invite les gens à rester dehors, ajoute à l'appréhension des citoyens. Toute la nuit, les gens guetteront les informations émises par les radios. Jeudi matin, les commentaires vont bon train. Les yeux enflés par une nuit cauchemardesque, de nombreux citoyens prennent la route pour Boumerdès. L'APC de Bouira, sans attendre, envoie un bus récupérer les étudiants. L'exécutif de wilaya se réunit pour installer une cellule de crise. La Protection civile dépêche une équipe de 40 éléments dont 2 médecins et un important matériel. Les premiers bilans tombent. Il ne s'agit plus des 50 blessés, mais de centaines de morts...le bilan de la wilaya tombe: deux décès et 127 blessés. Les images de 1980 viennent à l'esprit. L'Algérie venait de vivre une autre catastrophe. Au lieu de céder à la fatalité, les citoyens décident, dans la spontanéité, de réagir: l'APC ouvre ses portes pour permettre aux citoyens de faire des dons. L'ambulance munie d'un mégaphone sensibilise les Bouiris qui ne tardent pas à se manifester. Du pain, de l'eau minérale, diverses denrées alimentaires affluent au siège. Il est 14h quand le premier 10 tonnes se dirige vers Boudouaou. Même ambiance le vendredi, au niveau de plusieurs quartiers où des initiatives sont prises. Certains commerçants arpentent les artères de la ville à bord de véhicules pour faciliter la tâche aux donneurs. Des boulangers refusent d'être payés et offrent gratuitement le pain. A la cité des 1100 Logements, des jeunes louent des fourgons pour aller sur les lieux prêter main forte aux secouristes. Au fil des jours et des bilans de plus en plus atroces, la volonté d'entraide des citoyens augmente. Au niveau de l'APC du chef-lieu les convois de plus en plus importants se rendent à Boumerdès, Bordj Ménaiel, Corso, Dellys...deux camions, dont un frigorifique se rendent quotidiennement dans la région sinistrée. Lundi, le Croissant-Rouge local se manifeste dans un appel placardé sur les murs et appellent à la solidarité. Toujours par rapport aux ratages, signalons le silence absolu de l'APW dont le président n'a même pas daigné assister aux enterrements des victimes natives de Bouira. Loin des objectifs des caméras et des médias, les honnêtes gens ont continué à soutenir leurs frères et soeurs. La décision des pouvoirs publics d'interdire les collectes a certes freiné l'élan, mais ne l'a pas arrêté. Le CEM de la cité des 140 Logements est retenu par la Direction de l'éducation qui a regroupé les dons des élèves à travers toute la wilaya. Des tonnes de vivres, des habits, des couvertures ont été acheminées mardi en direction de Tidjelabine. Pour ne pas rester en marge, les pharmaciens privés ont fait don de plusieurs tonnes de médicaments. Le Centre de transfusion sanguine, pour sa part, connaît des difficultés à stocker les grandes quantités de sang collecté depuis le début de la catastrophe. Cette ambiance sera celle de toutes les villes et tous les villages de la wilaya. La coordination des ârchs a choisi la place des Martyrs pour installer son point de collecte. A M'chedallah, Bechloul et partout ailleurs, les gens ont donné ce qu'ils pouvaient pour manifester leur soutien. Cette énième épreuve subie par le peuple algérien vient montrer que rien ne peut désunir et encore moins diviser les Algériens et Algériennes. La leçon donnée à Bab El-Oued, à Aïn-Témouchent, hier, à Boumerdès doit être apprise par nos responsables. Ce peuple qui sait s'unir et dépasser toutes ses divergences dans les moments difficiles peut réagir de la sorte face à ceux qui pensent qu'il est ce qu'il n'est pas. Attention !