aucun laboratoire n'existe au niveau des ports. Un aveu qui n'est pas facile à admettre en cette circonstance douloureuse ayant causé la mort de plus de 2000 personnes, la destruction de plus de 10.000 bâtisses et 100.000 sinistrés dont les pertes dépassent largement les 11 milliards de dinars de dégâts au secteur économique et nécessitant un montant de plus de 144 milliards de dinars pour la reconstruction et la réhabilitation des infrastructures et équipements importants détruits ou endommagés par le séisme du mercredi 21 mai dernier. Pourtant, lors d'une conférence animée au centre de presse d'El-Moudjahid, Abdelhamid Boudaoud, directeur du Collège national des experts architectes, l'a fait sans aucune retenue en déclarant: «Tous les acteurs intervenant dans le secteur ont leur part de responsabilité.» En effet, dans le secteur du bâtiment plusieurs acteurs interviennent à des degrés divers dans la construction d'infrastructures. Malheureusement en Algérie la classification des entreprises de construction se fait selon l'effectif et le budget et non pas selon la qualité du staff technique qui doit être composé d'un architecte, d'un ingénieur en génie civil, d'un conducteur de travaux. De ce fait la catastrophe du 21 mai dernier est une suite logique à cette défaillance administrative et juridique. En outre, cette catastrophe était prévisible du fait que l'Algérie importe de l'acier sans aucun contrôle de sa provenance. En effet, aucun laboratoire n'existe au niveau des ports. «L'Algérie a importé, dans un passé récent, de l'acier irradié par l'explosion de l'usine de Tchernobyl», a déclaré l'orateur. En outre a-t-il ajouté «le sac de ciment de 50 kg n'en pèse que 40 sans oublier qu'il n'existe au amis au niveau des chantiers pour sasser le sable». Cet état de fait est normal puisque les entreprises «ne possèdent même pas un bureau d'études chapeauté par un architecte», martèle le conférencier. Mais avant d'arriver à ce point névralgique, plusieurs défail-lances sont à signaler. En premier lieu le permis de construire. Ce dernier est délivré par le maire dans le cas où le projet ne dépasserait pas les 300 logements, par le wali quand il est compris entre 400 et 700 et, enfin, par le ministre quand il dépasse 800 logements. Malheureusement dans ce cas de figure, le chantier est divisé en plusieurs lots et de ce fait l'étude du sol effectuée pour un seul lot reste valable pour les autres alors que les sols varient d'un périmètre à un autre. C'est l'un des paramètres que la commission d'expertise installée par le ministre de l'Habitat devra tenir compte pour élaborer son rapport devant situer les responsabilités. Les autres paramètres sont les normes parasismiques qui n'ont pas été respectées, la mise en oeuvre qui consiste en la conformité du bâti avec les plans et enfin la quantité de l'acier et du béton (dosage). Cette dernière devait être vérifiée normalement directement sur le chantier. Malheureusement, et en raison de la corruption sévissant dans le secteur du bâtiment, elle est faite dans des laboratoires en dehors du chantier sans qu'il soit possible de vérifier son authenticité. En outre, certaines entreprises construisent pour une valeur de 2 milliards de dinars, mais négligent l'étude du sol qui ne dépasse pas les 20.000 DA. D'ailleurs, le certificat de conformité n'a jamais été établi dans ces cas ni le certificat de recollement. Ce dernier devait servir à identifier tous les travaux de voirie effectués. Inopportunément, le CTC n'a jamais fait son travail convenablement pourtant associé dans tout projet, mais n'a aucune responsabilité juridique.