Le FFS a mis en garde les autorités «contre les tentatives de détournement des aides et dons» et «exigé que soit rendu public le détail des collectes tant à l'échelle nationale qu'internationale, ainsi que leurs affectations respectives». Ce parti s'est dit aussi «prendre acte des engagements pris par les hautes autorités du pays quant à la prise en charge totale et immédiate des besoins des victimes de cette tragédie», tout en émettant le souhait de voir les sinistrés «dignement relogés» avant l'hiver. C'était hier lors d'une conférence de presse animée au siège national de ce parti par le premier secrétaire national, Djoudi Mammeri. Centrée sur le séisme du 21 mai qui a ébranlé le centre du pays, l'intervention de Djoudi Mammeri a dressé un constat sans complaisance de la gestion par les pouvoirs publics de la catastrophe naturelle qui vient d'endeuiller l'Algérie. Pour le FFS, «cette tragédie qui a endeuillé la Nation n'a suscité de la part des autorités que visites éclairs et promesses qui ne riment qu'avec leur traditionnelle langue de bois (...).» En outre, le premier secrétaire a indiqué que les militants de son parti ont participé aux premiers secours et ont envoyé leurs rapports à la direction. Selon lui «à Zemmouri, épicentre du séisme, à Afir, Béni Amrane et Bordj Ménaiel, pour ne citer que ces communes, la population a attendu 5 jours avant l'arrivée des secours. A Dellys, les appels à l'aide de citoyens prisonniers des décombres n'ont pas suscité l'intervention de l'armée pourtant massivement présente sur place». Mammeri a aussi stigmatisé «l'état d'urgence (...) censé maintenir en alerte un dispositif d'intervention rapide et efficace. Celui-ci n'a été actionné que lorsque la colère des citoyens a atteint le chef de l'Etat dans son intégrité physique». Le conférencier a mis en doute la sincérité du pouvoir quant à son intention de sanctionner les responsables à l'origine de la gabegie relevée au niveau de l'habitat. Il voit dans «la stigmatisation des entreprises de réalisation et des services techniques chargés du suivi et du contrôle de la construction les donnant comme seuls responsables des dégâts une manoeuvre grossière et irrecevable» qui a pour objectif «de jeter en pâture des boucs émissaires afin de détourner l'attention sur les pratiques systématiques de dilapidation de biens, de détournement de deniers et de constitution de fortunes colossales dont se servent les détenteurs du pouvoir réel, par le biais de leurs réseaux chargés de la collecte de la rente». Par ailleurs, à propos de l'intégrisme qui a fait beaucoup parler de lui ces derniers jours dans les zones sinistrées, le FFS y voit une «amplification démesurée» preuve de «l'obsession des décideurs à, vouloir réduire le jeu politique à une bipolarisation pouvoir-islamistes, dans le but d'empêcher la construction d'une alternative démocratique». Et d'ajouter: «Chaque fois que le pouvoir enregistre les signaux d'une mobilisation citoyenne et pour ne pas perdre le semblant de légitimité qui lui reste vis-à-vis de la communauté internationale, il agite l'épouvantail de l'intégrisme rampant». Par ailleurs, invité à donner son avis sur l'aide promise par le G8 à l'Algérie, Djoudi Mammeri, tout en qualifiant cette aide de naturelle, a déclaré qu'«elle ne sera qu'une petite goutte dans un océan». Et de proposer de «récupérer les fonds détournés par El Khalifa Bank, qui pourraient servir à construire 70.000 logements». Enfin à propos du récent appel au dialogue lancé par Ouyahia en direction des ârchs, Mammeri a estimé qu'il était «un non-événement» précisant que «ce n'est pas avec les ârchs qu'on peut dégager une solution à une crise politique, de légitimité», et a exhorté «Ouyahia et ceux qui se cachent derrière les rideaux à se référer au mémorandum de son parti».