Dans un peu moins de six mois des prochaines législatives, la Kabylie, coincée dans la zone des tempêtes, donne l'impression d'être spectatrice de son destin qui joue une partition en solo. On a toujours connu une Kabylie pratiquement bipartisane, avec un net avantage accordé à la formation clé de l'opposition: le FFS. Avec l'apparition du RCD et malgré toutes les «joutes oratoires», les opposants, les deux partis, ont, en quelque sorte, respecté un deal. Chacun jouant dans une division et, de temps à autre, les deux parties se donnaient des coups de griffe. En somme, c'était la «bataille» du fils contre le père, vu que Aït Ahmed apparaissait comme l'aîné des militants. Depuis avril dernier, notamment l'apparition de deux autres acteurs, le mouvement citoyen, et le MAK un peu plus tard, mais surtout le mouvement citoyen, a changé la donne. Né dans la braise des tragiques événements de Kabylie, le mouvement citoyen est entré avec fracas sur la scène politique. L'actualité dramatique du printemps noir a éclipsé, en somme, le travail partisan. Comme elle n'est pas restée sans incidence sur la vie politique, tant nationale que régionale, les deux partis, ayant pignon sur rue en Kabylie, ont investi le mouvement, quand on sait que rares sont les jeunes dans la région qui n'appartiennent pas à une des formations politiques. Les deux partis, le FFS et le RCD, se livrent, comme de juste, à l'intérieur et à l'extérieur du mouvement, à leur sport favori, mais savent rester dans une certaine «neutralité» dès qu'il s'agit de préserver l'essentiel. L'arrivée du MAK, avec à la barre Ferhat Mehenni, un ancien militant de la revendication culturelle, peut apparaître comme un «empêcheur» de «discourir» en rond. L'homme, ayant une vision qui prend appui sur des thèses autonomistes, se garde bien, pour l'heure du moins, d'attaquer frontalement les deux partis. Il reste que la fin octobre et le début novembre ne semblent pas avoir été cléments pour ces partis. Le RCD se retrouve avec une cascade de «démissions», les unes rendues publiques, comme celle de Amara Benyounès, apparemment en froid depuis un certain temps avec le patron du parti, et aussi une «rocambolesque» histoire de complot visant Saïd Sadi, à travers un militant de la première heure, Amar Amenouche. Quant au FFS, la littérature d'une certaine presse, selon M. Bouaïche de la direction nationale, «s'évertue à trouver des problèmes uniquement pour nuire au parti...». Il revient sur le cas de ces élus de Tizi Ouzou, qui ont «commis un impair politique» lors des cérémonies de novembre. Pour lui, «des sanctions disciplinaires, à la mesure de la faute, seront prises par le conseil de discipline...» Pour leur part, les élus FFS à l'APW de Tizi Ouzou ont rendu publique une déclaration dans laquelle ils affirment, «après avoir pris connaissance de la participation du président de l'APW à la célébration du 1er Novembre aux côtés des autorités civiles et militaires, notamment la remise de grades aux éléments de la Gendarmerie nationale», avoir décidé à l'unanimité et ce, après avoir pris acte de la démission, séante tenante, du président de l'APW de son poste, son remplacement à titre provisoire par son collaborateur le plus immédiat, M.Rabia. «le report de la session extraordinaire prévue pour aujourd'hui, la désignation d'un intérimaire en attendant l'élection d'un nouveau président de l'APW et l'organisation d'une conférence de presse dont la date reste à préciser» sont également d'autres mesures prises. Le groupe FFS de l'APW n'oublie pas de «réitérer (ses) engagements aux côtés de la population, (son) soutien inconditionnel aux familles des victimes et (sa) fidélité à la mémoire des martyrs du printemps noir...» Par ailleurs, le désormais ex-président de l'APW, un militant de la première heure, a, dans un message adressé à la population mis en avant «(son) manque de vigilance» pour expliquer, comme il l'a appelé «un geste qui a heurté nos citoyens et citoyennes, comme j'ai été heurté moi-même». M.Nacer Abbib, le premier secrétaire de la fédération FFS de Tizi Ouzou rejoint M.Nacer Bouaïche de la direction nationale de ce parti, en déclarant: «La preuve que le FFS n'est pas un parti qui joue avec ses idées, c'est cette sanction qui pend au nez de ce militant pour cet écart.» Et d'ajouter: «Le parti se porte très bien, aussi bien en Kabylie qu'ailleurs». Et M.Bouaïche de préciser: «Je reviens de Batna où j'ai installé la fédération de cette wilaya. Je peux vous dire que nos idées trouvent de plus en plus d'échos au sein du peuple. Alors, ceux qui parlent de l'essoufflement du FFS sont bien loin de voir leurs voeux se réaliser...» Et d'évoquer «le mouvement citoyen où nous comptons beaucoup de militants, qui revendiquent les droits les plus élémentaires. Ce que nous ne pouvons que soutenir». En guise de conclusion, M.Bouaïche se veut rassurant: «Dites que les militants Samir Bouakouir, Bouhadef sont toujours à leur poste. C'est la preuve que notre parti, il faut le reconnaître, n'habite pas dans certains journaux. Quand nos adversaires veulent trouver un «dérivatif» à leurs problèmes, ils cassent le FFS...»