La ville des Roses est devenue une véritable plaque tournante dans le cadre du redéploiement politique en perspective de l'élection présidentielle. Elle vit depuis plus d'un mois un véritable bras de fer entre les dissidents et le mouhafedh, fidèle à la ligne de Benflis pour le contrôle du parti du FLN au niveau local. Tout a commencé lors de la réunion régionale de la coordination des comités de soutien au programme du Président de la République, tenue à Blida en avril dernier en lançant un appel solennel pour la candidature du président à un deuxième mandat. C'est M.Saïdani, président de cette coordination et membre du CC du FLN, qui a pris l'initiative, sans consulter son parti, d'ouvrir les hostilités. La déclaration faite à partir de Blida n'est pas restée sans écho, mais au contraire a fait tache d'huile. Elle a été suivie par un brusque changement politique avec le départ forcé de M.Benflis de la tête du gouvernement et son remplacement par M.Ouyahia. Encouragés par ce succès, les dissidents ont multiplié les démarches pour coordonner leur action. L'appétit vient en mangeant. D'un simple appel à la candidature du président, ils ont voulu passer à la conquête du FLN, directement. Une deuxième réunion locale de la coordination, avait été programmée à la fin du mois dernier, mais reportée à la dernière minute, à la suite de l'opposition et des menaces des militants demeurés fidèles à leur secrétaire général. Ce ne fut que partie remise. Les luttes intestines ont pris de l'ampleur pour s'étendre aux associations et à l'administration. Des sources concordantes relèvent les signes d'un climat tendu entre le wali, M.Bouricha, considéré comme chef de file de ce vaste mouvement de contestation et de soutien à la candidature de Bouteflika, et les élus restés fidèles à l'orientation de leur parti. Selon un membre de la mouhafadha, le wali aurait participé à la réunion des cadres dissidents, tenue sous la présidence de M.Amar Tou, dans la résidence d'un des élus de Blida à Sidi Fredj. C'est au cours de cette réunion, qu'a été décidée l'occupation de certaines mouhafadhate, considérées comme stratégiques, dont celle de Blida, enclenchée jeudi dernier, note notre interlocuteur qui accuse le wali d'avoir dirigé lui-même, à partir de son bureau, la tentative d'occupation de la mouhafadha. Ils étaient une cinquantaine à se donner rendez-vous, dont l'ex-mouhafadh, Yessaâd. Le président de la coordination des comités de soutien, M.Saïdani et son vice-président auraient été remarqués dans les parages, embusqués dans leur véhicule. Surpris par la riposte de la mouhafadha qui avait été informée à temps, en mobilisant plus d'une centaine de militants décidés à se défendre énergiquement, les dissidents ont été contraints de rebrousser chemin. L'affrontement a été évité de justesse. Les services de sécurité, qui étaient sur place, ont conseillé aux dissidents de ne pas trop se rapprocher du siège, fortement gardé. Pour le mouhafadh, c'est une véritable leçon qui a été ainsi donnée à ces dissidents pour les dissuader de ne plus y remettre les pieds. La tentative de ce putsch a été suivi de près par la direction du FLN. M.Benflis a tenu en personne à féliciter le mouhafadh et les militants pour ce succès. Réagissant à l'incrimination du wali dans l'instigation de cette rébellion contre la mouhafadha, un membre de son cabinet a tenu, dans une déclaration à L'Expression, à réfuter toutes ces accusations les qualifiant de non fondées, en soulignant que «le wali est une personnalité connue pour sa probité intellectuelle au-dessus de toutes ces manigances». Les événements de jeudi, indiquent ainsi, que le bras de fer enclenché ne fait que commencer pour le contrôle du FLN dans la perspective de la prochaine présidentielle. Blida en est la plaque tournante.