Maintenant que le train du dialogue est sur les rails, la région a espoir d'atteindre les stations de la sérénité. Les ârchs sont désormais face à eux-mêmes. Avec la libération des détenus, dont Belaïd Abrika, le pouvoir vient de donner un gage de bonne volonté. M.Ahmed Ouyahia, en cassant plusieurs tabous - appel aux représentants authentiques du mouvement, libération des détenus - donne des signes précurseurs d'un règlement rapide de la crise en Kabylie. Plus que par le passé, le pouvoir semble parler d'une même voix, profitant du dégel opéré par une initiative aussi heureuse que politiquement bénéfique, Ahmed Ouyahia semble sur le point de renouer un dialogue, actuellement au point mort, depuis la tentative avortée du précédent Chef du gouvernement, Ali Benflis, de réunir les vrais délégués des ârchs. 27 mois plus tard, exsangue économiquement, lasse de ne vivre que de heurts, souvent sanglants entre jeunes gens et policiers, pleurant encore ses morts et pansant encore ses blessures, la Kabylie s'est mise à espérer. Maintenant que le train du dialogue est sur les rails, la région a espoir d'atteindre les stations de la sérénité, du dénouement, afin qu'elle remette le cap sur le développement. Ahmed Ouyahia semble bien s'y prendre et donne la nette impression de vouloir réussir dans cette volonté de ramener le calme et la sérénité dans la région. Comme il laisse à penser que tous les cercles des décideurs semblent s'être tous mis d'accord pour régler ce lourd dossier. Certes, la Kabylie vaut bien une messe! Et le pouvoir a l'air de l'avoir bien saisi. La libération des détenus des ârchs va enfin permettre aux uns et aux autres de s'asseoir autour d'une même table de discussions et enfin, recentrer les débats sur l'essentiel, la région ayant eu plus que son comptant de déni identitaire, de hogra et de mise à l'écart, tous ces «ingrédients» qui ont fait surgir le Printemps noir. Cependant, il reste l'essentiel. Le Chef du gouvernement va-t-il s'arrêter au seul discours de l'APN et du Conseil de la nation? Un discours qui, pour la première fois dans la jeune histoire de l'Algérie indépendante, comprenait un passage dans cette autre langue, «qui est aussi...langue nationale!», un discours qui a fait mouche. Mais aussi qui demande a être relayé sur le terrain par des actes concrets, au-delà de la libération des délégués détenus. La population de Kabylie, qui commence à croire en des lendemains meilleurs, attend que les uns et les autres se regardent enfin dans les yeux, se disent les quatre vérités en face et ramènent enfin la sérénité. 27 mois de face-à-face, 27 mois de peines, 27 mois de souffrances. C'est plus que ne peut supporter une région qui n'en peut plus de souffrir. Elle rêve de sortir de cercle infernal «actions-répression». Elle entend voir enfin le bout du tunnel. Il faudra désormais, aux ârchs changer de registre et passer de «Ulac smah ulac» à la table des discussions. La chose n'est certes pas des plus aisées, mais gageons que le mouvement trouvera en lui-même assez de ressort pour affronter l'étape à venir. Une étape ardue, loin des actions de rue certes, mais ô combien plus âpre. La population attend que se lève enfin le soleil...de la paix et du développement.