En dépit de la multiplication des contacts et des visites, sa date n'est toujours pas fixée. La visite officielle de deux jours du chef de la diplomatie marocaine, M.Mohamed Benaïssa, à Alger s'est achevée hier comme elle a commencé : sans coup d'éclat ni déclarations significatives. Seuls, quelques indices minorés ont pu être décelés au travers des propos donnés à la presse à l'issue des entretiens des deux ministres des Affaires étrangères, poussant à un optimisme mesuré et prudent quant à l'éventualité d'une évolution effective et positive de la construction maghrébine. Même après l'audience accordée par le président Abdelaziz Bouteflika à l'envoyé du roi Mohammed VI, ce dernier s'est contenté de réitérer des formules autant diplomatiques que générales sur l'état des rapports entre les deux pays et a encore été très peu prolifique sur l'avenir de l'UMA et de son très attendu sommet des chefs d'Etat dont la date n'est toujours pas connue. Cette question qui continuera donc à être traitée par la voie des«canaux diplomatiques» comme convenu lors du dernier conseil ministériel de l'UMA réuni à Alger en janvier passé, est pourtant déterminante pour un possible démarrage de l'Union maghrébine. De même pour le dossier relatif à l'ouverture des frontières terrestres entre les deux pays fermées depuis août 1994 et sur lequel les deux chefs de diplomatie sont restés très évasifs, sinon très hermétiques ne donnant aucune échéance précise. «Une décision sera prise lors d'une rencontre entre les deux chefs d'Etat (Bouteflika et Mohammed VI) car les frontières sont administrativement et politiquement fermées mais ne le sont pas dans les faits, compte tenu des liens qui unissent les deux peuples et les deux pays», s'est contenté de dire notre chef de diplomatie, M.Abdelaziz Belkhadem. En écho, le ministre marocain des Affaires étrangères et de la Coopération a déclaré qu'«il existe un désir sincère chez les deux parties d'oeuvrer de concert à rétablir la confiance qui est à la base de toute action et de travailler en toute objectivité et franchise» Il faut dire que cette question de l'ouverture des frontières est considérée par les analystes et observateurs des affaires de la région comme un signal très fort d'une convergence de vues, voire d'intérêts entre les deux parties et dont la première conséquence serait d'après eux «la redynamisation» de l'UMA en panne de sommet et donc d'évolution depuis 1994. Autre dossier qui se dresse sur le chemin de la construction maghrébine, la vieille question du règlement pour le Sahara occidental à propos de laquelle M.Belkhadem a dit que celle-ci «a connu plusieurs développements, et que «ce qui est important, c'est de parvenir à un règlement de cette question qui garantisse les droits» entendre par là ceux des populations du territoire sahraoui. En outre et selon lui «même si elle a perduré, la question du Sahara occidental ne devrait pas entraver l'acheminement des deux pays et des deux peuples vers la consultation, la complémentarité et la coopération économique, culturelle, politique et diplomatique». La preuve : Alger et Rabat, tout en procédant à l'évaluation globale de leurs relations bilatérales ne sont pas moins arrivés à un accord sur la poursuite des contacts et de promotion de l'action commune à travers trois commissions créées à cet effet. Il s'agit d'une commission de concertation politique, une autre des affaires économiques, et celle des questions consulaires et sociales. Mais, cela n'équivaudrait-il pas à un simple effet d'annonce afin de différer à plus tard les questions brûlantes des rapports inter-maghrébins? L'échéance du futur sommet des (5+5) entre les chefs d'Etat maghrébins et leurs homologues de la rive occidentale de la Méditerranée prévu pour la fin de l'année à Tunis, dira en tout cas, si les premiers cités se présenteront à ce rendez- vous, comme par le passé, en rangs dispersés, ou, en cas de tenue auparavant du sommet de l'UMA, en rangs unis et serrés.