Le premier secrétaire de cette formation reconnaît aussi l'échec des partis politiques dans le redressement de la situation. «La libération des délégués des ârchs est une action destinée à la consommation de l'opinion internationale», c'est l'avis du parti FFS, exprimé par la voix de son premier secrétaire, Djoudi Mammeri. Ce dernier, dans une déclaration à L'Expression, s'est montré très sceptique face à ce «non-événement». Selon lui, ce geste «ne pourra, en aucun cas, soutenir les efforts allant dans le sens du dénouement de la crise en Kabylie qui frise sa deuxième année». Et d'ajouter: «Le pouvoir veut passer, aux yeux de la communauté internationale, comme un fervent défenseur des droits de l'Homme. C'est une manière aussi de faire valoir sa bonne volonté de solutionner la crise.» Fidèle à sa position, le parti d'Aït Ahmed, qui stigmatise la mise à l'écart des partis politiques, pense que le pouvoir se trompe d'interlocuteur. De par ce rappel, M.Djoudi Mammeri remet en cause, une fois de plus, «la capacité des ârchs de redresser la situation dans la région». «La population est usée et fatiguée des discours qui ont mené la région au chaos. Aujourd'hui elle ne croit plus en rien. Ni aux ârchs ni au pouvoir. Cet état de fait est dû à l'usure et à la dégradation des conditions de vie. Aujourd'hui, le souci principal des citoyens est de retrouver le calme depuis longtemps perdu.» Le FFS participera-t-il au dialogue aux côtés des ârchs dans la mesure où ces deux partis bien implantés Kabylie luttent officiellement pour les mêmes objectifs? La réponse du porte-parole du FFS est sans équivoque et sans grande surprise. Il écarte formellement, cette éventualité. Pas étonnant d'un parti qui pense que ces délégués sont «une pure création des services secrets». «Le FFS a une autre vision par rapport aux actions à mener pour le retour à la normale dans cette région.» Elles sont contenues, réitère-t-il dans le mémorandum adressé aux «généraux décideurs». Le pouvoir a-t-il sollicité le FFS pour discuter de cette crise? «Les seuls contacts que nous ayons eus avec le pouvoir, émanaient du ministre de l'Intérieur. Cela date de trois mois, depuis, aucune suite n'a été donnée à cette démarche.» Le parti est convaincu «la solution est entre les mains des décideurs». De ce fait, «le dialogue n'aboutira à rien, sans un engagement clair et sincère de sa part» reconnaissant, par la même, l'échec des partis politiques. Le porte-parole du FFS n'y est pas allé par quatre chemins pour faire un lien direct entre la libération provisoire des délégués et la prochaine échéance électorale, en l'occurrence l'élection présidentielle de 2004. «Le pouvoir joue donc dans la récupération politique d'une crise et ce, à des fins exclusivement électoralistes», précise M.Mammeri. Cette échéance «n'intéresse pas le parti d'Aït Ahmed» qui opte plutôt pour «des actions micropolitiques à travers un travail de proximité et de sensibilisation des citoyens». Interrogé sur la libération très prochaine du numéro deux de l'ex-FIS, Ali Benhadj, le porte-parole du FFS s'est dit ne voir aucun inconvénient au retour de Benhadj sur la scène politique «dans le cadre, bien sûr, du respect de la démocratie, et loin des discours prêchant l'intolérance».