L'agence de presse APS a indiqué, citant une source gouvernementale, que «le dialogue est possible et nul ne conteste les capacités des Algériens à le mener». Ces sources estiment que «le mouvement des citoyens, exprimé par les ârchs, peut constituer un signe positif pour notre société». C'est donc un appel solennel au dialogue qu'ont lancé les pouvoirs publics aux animateurs des ârchs. «Les autorités politiques du pays (...) ouvrent toutes les portes pour que ce mouvement soit fécond et générateur d'une culture sociale fondée sur le dialogue serein et responsable», lit-on dans la dépêche de l'APS rendue publique, mercredi dernier en fin de soirée. Le même appel a été lu dans son intégralité au Journal télévisé de 20 heures. Dans cette offre quasi officielle des pouvoirs publics, la Coordination des ârchs est reconnue comme un mouvement citoyen qui fait montre d'une maturité certaine. Les autorités centrales du pays, citées par l'APS, vont jusqu'à reconnaître explicitement que «la Constitution peut comporter des lacunes à combler et que les lois de la République peuvent évoluer de façon consensuelle dans le cadre des institutions nationale». Cette initiative a été véhiculée par les canaux de communication les plus officiels de l'Etat, dont la télévision nationale qui lui a réservé son «20 heures». Cependant, réunie en conclave jeudi dernier à M'chedallah, la Coordination des ârchs a rejeté cette énième invitation au dialogue lancée par les pouvoirs publics. Les animateurs des ârchs prévoient une intensification des actions de contestation et une radicalisation qui peut mener au pourrissement de la situation, avec toutes les conséquences néfastes que cela suppose sur la région et le pays tout entier. Cet épisode malheureux du mouvement traduit les calculs secrets des cercles politiques qui, dit-on, ont largement noyauté le mouvement. En effet, selon des observateurs sur place, aussi horizontale puisse-t-elle être, l'organisation citoyenne est infiltrée par les deux formations majoritaires en Kabylie. Les correspondants de L'Expression en Kabylie signalent la présence dans les différents conclaves, de figures connues du RCD et du FFS qui obéissent à des stratégies diamétralement opposées. Alors que le FFS tente de durcir le mouvement pour l'amener à une voie sans issue, jusqu'à l'essoufflement, le RCD, lui, poursuit l'objectif contraire, à savoir l'accompagner dans un processus de maturation de sorte à ce qu'il acquière le sens du dialogue sans pour autant s'autodissoudre. En fait, le parti de Sadi espère profiter de l'exceptionnelle mobilisation autour de la Coordination des ârchs pour se refaire une santé politique dans la région. Ce qui ne serait pas au goût du FFS qui a fortement critiqué la naissance de la Coordination, par les voix de son président et de son premier secrétaire, avant de se raviser et participer avec ses militants à la gestion de la contestation. D'où, affirme-t-on de sources proches de ces partis, tout l'intérêt qu'accordent les états-majors des deux formations politiques aux diverses réunions des comités de villages de Kabylie. Les mêmes sources avancent que d'importantes rencontres ont été tenues aux sièges des deux partis avec leurs militants présents dans les différents comités de la Coordination des ârchs. Des «avant-conclaves» qui disent, en fait, long sur la mainmise indirecte des partis d'Aït Ahmed et de Sadi sur la gestion du mouvement. C'est ainsi que les observateurs estiment que le refus de dialoguer signifié, hier, par les animateurs du conclave de M'chedallah est une victoire du FFS dans un bras de fer qui s'annonce déterminant pour les deux formations à moins d'un an des prochaines élections et qui rappelle étrangement les luttes entre partis autour de la grève du cartable de 1994-1995.