La crise de Kabylie fait partie d'un plan visant à affaiblir ce parti. Malgré l'amorce du dialogue ârchs-gouvenrment, le Front des forces socialistes (FFS) soutient mordicus que l'heure est à la restructuration du parti. Après avoir qualifié l'offre de dialogue d'Ouyahia de «non-événement» et la mise en liberté provisoire des détenus du mouvement citoyen de «manoeuvre politicienne» à des fins électoralistes, le parti de Hocine Aït Ahmed se serait-il ravisé et chercherait-il à réinvestir le terrain des ârchs? M.Djoudi Mammeri, premier secrétaire du FFS, déclare que son parti n'a jamais quitté le mouvement citoyen. Dans la foulée, il nous a annoncé dans un entretien téléphonique hier que le parti ira à la rencontre de la base militante dans les prochains jours. Pour rappel, la participation du FFS aux élections locales du 10 octobre 2002 a été subordonnée à la libération des détenus du mouvement citoyen. Ne voilà-t-il pas que le même parti crie aujourd'hui à la manipulation. Mais ce qui expliquerait cette «volte-face», ce serait le fait que le parti se serait rendu à l'évidence que peu de crédit aurait été accordé à sa position sur l'offre d'Ouyahia par une population biaisée et un mouvement dont la seule chance de salut demeure dans l'adoucissement de ces positions face au dialogue. Les analystes estiment qu'aujourd'hui, alors que la crise sociale s'aggrave, le FFS n'arrive pas à se débarrasser de son discours d'opposition abstrait, axé sur le nécessaire «changement de régime». A l'inverse du RCD qui a décidé de sceller son sort à celui du mouvement des ârchs depuis son retrait bien que tardif du gouvernement, le FFS, tout en reconnaissant l'importance sociale des comités de villages, leur a dénié toute prétention politique. Il est allé jusqu'à accuser la Coordination d'être à la solde d'un clan occulte du pouvoir (la Sécurité militaire) et d'être une «greffe maligne» sur le corps sain du «mouvement citoyen». Paradoxalement, la dissidence électorale et citoyenne à laquelle avait appelé le FFS, pour laquelle un site Internet a été dédié et dont la dernière mise à jour remonte au 24 juillet 2002, donne l'air d'avoir stagné. Pour M.Mammeri, les témoignages rapportés par la presse internationale attestent de la justesse aux yeux de la population des positions défendues par le parti. Aussi, les analystes expliquent la «déroute» des partis politiques, dont le FFS, lors des événements du printemps noir, par la faillite des élites politiques traditionnelles. Enfin, concernant le risque de voir l'aile pure et dure du parti reprendre le devant de la scène après le «manque» de panache qui est constaté chez la nouvelle direction du parti, le premier secrétaire réitère que le FFS demeure radical, au sens légal du terme, par rapport au pouvoir. Il dit avoir réaffirmé hier ses positions lors de la conférence animée par Me Ali Yahia Abdennour, président de la Laddh sur la levée de l'état d'urgence. Pour notre interlocuteur, la crise de Kabylie et même l'offre de dialogue actuelle font partie d'un plan préétabli visant à affaiblir le FFS pour ses positions tranchées en faveur du départ du système en place.