Comment distribuer 8000 logements quand on a 100.000 demandes en souffrance? Hier, au cours de l´émission de la Chaîne 3 «L´invité de la rédaction», le DG de l´Aadl a brandi le «drapeau blanc». «Non! avoua-t-il, je n´ai pas de formule d´attribution juste et équitable.» Le DG avait tenté l´ordre chronologique. Niet, la tutelle et la majorité des postulants s´y opposent. On ne juge pas de l´urgence des cas en fonction du calendrier. Oui, mais alors, comment? Et nous voilà au coeur du sujet. Dans notre pays, les pourcentages ne manquent pas. Il y a ceux du chômage. L´opposition avance son pourcentage à la hausse par rapport au pourcentage officiel. Tout le monde vient avec son pourcentage. On se demande comment ils font. Il y a aussi le taux de pauvreté. Ou si vous voulez le seuil de pauvreté. On l´appellera comme on voudra et l´opposition peut le gonfler à l´infini mais qu´on nous dise comment ils ont pu obtenir «leurs» pourcentages. Pas plus tard qu´hier, la presse faisait état «de 35% seulement des lycéens ayant obtenu la moyenne». Encore un pourcentage. D´où sort-il encore celui-là? Que ces «cerveaux» veuillent bien partager avec nous leur génie. Ainsi, ils aideront à mettre en place la contractualisation dans les hôpitaux qui ne sera jamais juste et équitable tant que l´informel existe. Mais surtout tant que le ministère de la Solidarité n´a pas encore identifié les plus pauvres d´entre nous. Ils permettront de ne plus subventionner des denrées de première nécessité au profit de tout le monde, les riches comme les pauvres. Ils seront encore plus utiles en matière d´habitat. Tout le monde parle de passe-droits dans la distribution de logements, de sous-locations, de logements inoccupés, etc., mais qui est capable de fournir le «tamis»? Il faut arrêter de se balancer des chiffres «en veux-tu en voilà». Le monde nous regarde et tout se sait. Tous les ministres de la Planification que nous avons eus par le passé nous ont menés en bateau. Ils ne pouvaient rien planifier faute d´instruments. Aujourd´hui, avec l´outil informatique la tâche est théoriquement à notre portée. Sauf que cet outil, dans le meilleur des cas, ne peut être opérationnel qu´en aval. Un outil qu´il faut alimenter par une sérieuse collecte des données, par des canaux de transmissions fiables, des logiciels adaptés et une interconnexion techniquement très élaborée. Les seuls chiffres relativement fiables que nous possédons sont ceux des naissances et des décès. Encore que et même là, les chiffres en temps réels ne sont pas évidents. Les décès hors commune de naissance ne sont pas portés le lendemain sur les registres de l´APC qui a vu naître l´intéressé. Disons que les statistiques puisées de l´état civil sont les moins fantaisistes. Sans plus. Revenons à l´habitat. Le ministre, Nourredine Moussa, s´est essayé à un calcul qui mérite d´être rapporté. C´était la semaine dernière, au cours de l´émission «Tahaoulat» où il était l´invité de la Chaîne I. 200.000 logements ont été distribués (toutes formules confondues) dans la wilaya d´Alger. Sur la base d´une moyenne de 5 personnes par famille, un million de personnes ont donc été relogées. Un million sur 3 ou 4 (imprécision là aussi) millions d´habitants que compte Alger, pourtant, la crise persiste. Les Algérois ne sont quand même pas tous à la rue. Y a-t-il des statisticiens capables de venir en aide au DG de l´Aadl? Lui dire comment prioriser, grâce aux statistiques, les 100.000 demandes en souffrance sur sa table?