Ouyahia ne veut surtout pas de chahut sous ses fenêtres. De toute façon, lui, il travaille et n´a pas de temps à consacrer aux audiences avec des contestataires. En plus, il précise que tout va bien ou presque. A peine reconnaît-il qu´il y a quelques insuffisances dans les réponses du gouvernement aux multiples sollicitations de la société: en somme, pas de quoi battre le pavé! Une analyse qui déplaît à Soltani et qui n´enchante guère Belkhadem. Demain, ce dernier aura le micro pour dire ce qu´il en pense même si l´on sait, d´ores et déjà, qu´il n´exprimera pas que de la satisfaction vis-à-vis de l´action du gouvernement. Un trio qui tient les rênes et qui ne rate aucune occasion de se dire des vérités pas toujours agréables à entendre, de quoi raviver la suspicion de l´homme de la rue sur la capacité réelle des commis de l´Etat de se soucier de leurs problèmes. Pour l´instant, c´est plutôt à du «pousse-toi que je m´y mette» que se livrent les chefs des partis de l´Alliance. Le plus curieux dans l´affaire est qu´ils arrivent à zapper complètement de leur communication un rendez-vous plus proche qui est celui de 2012. Cette échéance étant plus imminente qu´elle ne paraît à travers l´agenda des futurs candidats à la présidentielle. L´homme de la rue, dont il est question plus haut, a vite fait de décoder le message. Ces messieurs ne se souviennent que de leur avoir. Le leur, ils le prennent en main en mettant les deux pieds dans la rue. Cette même rue qui accueille toutes les couches de la société. Depuis janvier dernier, la contestation n´a plus quitté les boulevards et les places d´Alger et d´ailleurs. Grève, sit-in et marches sont le quotidien des citoyens. Pratiquement tous les corps de métiers, y compris les fonctionnaires, ont eu recours à la grève ou à d´autres moyens de protestation. Enseignants, médecins résidents, étudiants, gardes communaux, patriotes, radiés de l´ANP, pompiers ont eu à battre le pavé. Ce n´est guère mieux du côté des paramédicaux, des commissaires aux comptes, des chômeurs et des mal-logés. La liste est encore longue. Jusqu´aux journalistes qui ont crié leur mécontentement. Des employés de Sonatrach et de Sonelgaz, des douaniers, des concierges, des retraités, des chercheurs et d´autres franges de la population, comme les employés du Trésor public, n´ont pas échappé à la règle. Même les élus locaux, dont des présidents d´APC auxquels le citoyen est censé exposer ses problèmes, se sont mis de la partie. Il ne reste quasiment que les membres du gouvernement à avoir échappé à cette contagion. Ils ont mieux à faire. Proférer des menaces. Lorsqu´ils ne mobilisent pas les habitants de la place du 1er-Mai ou de la place des Martyrs. Tout ce beau monde attend un arbitrage.