Victimes du terrorisme, patriotes, étudiants, mal-logés et autres catégories de la population sont dans la rue. Le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, a été destinataire des doléances des citoyens. Etudiants et familles des victimes de terrorisme ont manifesté hier, rue docteur Saâdane. Les étudiants en pharmacie, qui revendiquent justement le titre de docteur, ont même marché du Palais du gouvernement jusqu´à la place Audin. Après les rassemblements tolérés des gardes communaux et les sit-in tenus devant la Présidence, les forces de sécurité semblent ne plus vouloir empêcher ce mode de protestation. Jusqu´à présent, à Alger, on ne faisait que circuler puisque les marches sont toujours officiellement interdites. La marche d´hier a valeur de répétition générale pour celle prévue demain et dont les organisateurs ambitionnent de rassembler un million d´étudiants. Fronde contre le LMD et démocratisation de l´Université sont parmi les mots d´ordre de cette manifestation. Dans l´intervalle, ce sont les patriotes qui se rassemblent dès ce matin à la place des Martyrs. Pas très loin, les policiers radiés se sont donné rendez-vous. Ils ont fait état de leurs doléances devant le siège de la Dgsn. Au même moment, toujours à Alger, des milliers d´employés des directions de l´urbanisme et de la construction et ceux des directions du logement et des équipements publics ont observé un sit-in devant le ministère de l´Habitat et de l´Urbanisme. D´autres fonctionnaires ont prévu une action similaire devant le ministère de l´Habitat avant de l´annuler suite à l´ébauche d´une négociation avec la tutelle. Le flou était, par contre, maintenu en ce qui concerne les travailleurs des communes. Selon quelques échos, quelques-uns ont suivi le mouvement de grève lancé à l´appel du Syndicat national autonome du personnel des administrations publiques (Snapap). Le flou est engendré par le fait que l´appel n´a été annulé que dans la nuit d´avant-hier, ce qui n´a pas permis à tous les concernés d´en prendre connaissance. Leurs revendications sont liées aux salaires. Initialement, ils devaient entamer une grève jusqu´au 14 avril, jour où ils ont prévu de tenir un rassemblement devant le siège du Premier ministère. Dans les autres villes du pays, la situation n´était guère meilleure. A Oran, les étudiants étaient confrontés aux services de sécurité alors que des routes sont coupées entre Constantine et Annaba et à Tizi Ouzou. Qu´est-ce qui motive ces mouvements qui s´enchaînent depuis le début de l´année? Les syndicats, les coordinations, les partis politiques, les mal-logés, les chômeurs et les syndicats l´expliquent très bien. Même le gouvernement a son idée sur le dossier. Le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, reconnaît qu´il y a quelques insuffisances dans les réponses aux multiples sollicitations de la société. Même Soltani et Belkhadem, deux membres de l´Alliance présidentielle, ne sont pas d´accord sur la gestion des affaires de l´Etat. Et dire qu´une grande part de la responsabilité de la contestation qui a conduit à des troubles est due aux augmentations brusques des prix de l´huile et du sucre. Le gouvernement accuse directement les lobbies d´avoir tiré profit de la situation. On a même su qu´un patron ayant pignon sur rue dans le domaine de l´agroalimentaire, n´a pas été pour rien dans la genèse de la contestation. Le Parti des travailleurs a été le seul à avoir désigné nommément celui qu´il considère comme ayant été à l´origine de la manoeuvre. Les partis de l´alliance, y compris le RND, vont devoir tirer l´affaire au clair par le biais d´une enquête parlementaire à laquelle participent les autres élus. Pratiquement, tous les corps de métiers, y compris les fonctionnaires, ont eu recours à la grève ou à d´autres moyens de protestation. Enseignants, médecins résidents, étudiants, gardes communaux, patriotes, radiés de l´ANP, pompiers ont eu à battre le pavé. Ce n´est guère mieux du côté des paramédicaux, des commissaires aux comptes, des chômeurs et des mal-logés. La liste est encore longue. Jusqu´aux journalistes qui ont crié leur mécontentement. Des employés de Sonatrach et de Sonelgaz, des douaniers, des concierges, des retraités, des chercheurs et autres franges de la population, comme les employés du Trésor public, n´ont pas échappé à la règle. Même les élus locaux, dont des présidents d´APC auxquels le citoyen est censé exposer ses problèmes, se sont mis de la partie.