Ce véritable coup de théâtre intervient à moins de deux semaines de la libération du détenu le plus célèbre d'Algérie. La direction nationale du mouvement Islah a rendu public hier un communiqué de la plus haute importance dans lequel il est annoncé que «sur demande instante du cheikh Ali Benhadj, une délégation importante était hier l'hôte du siège national du parti Islah». Cette délégation, précise encore le communiqué, reçue par le président du mouvement, Saâd Abdallah Djaballah, était composée de «membres de la famille de Ali Benhadj ainsi que des amis de cette famille dont Abdelkader Moghni». Ce dernier, pour rappel, est un ancien dirigeant de l'ex-FIS. Il s'était rendu célèbre à la suite de l'assassinat de Abdelkader Hachani en rendant publics, en compagnie de deux autres anciens dirigeants, des communiqués remettant en cause la tournure juridique prise par cette affaire, demandant à ce que toute la lumière soit faite sur elle et se demandant à qui a profité ce crime. Ali Benhadj, à travers ce geste hautement symbolique, à travers lequel il a transmis ses «salutations fraternelles» à Djaballah, réaffirme qu' «aucune rumeur ou mensonge ne saurait altérer les excellentes relations existant» entre les deux hommes. Cette sortie a trait à certains articles de presse qui avaient indiqué que le président du mouvement Islah aurait signé à contrecoeur l'appel des dix demandant la libération des deux anciens leaders de l'ex-FIS. Djaballah avait, du reste, opposé un cinglant démenti à ces affirmations, réitérant, à l'occasion de sa rencontre avec le frère de Ali Benhadj son voeu de voir «Abassi et Benhadj libérés dans les plus brefs délais». L'événement, car c'en est un, confirme qu'une lutte acharnée est engagée entre les différents leaders et courants islamistes à l'approche de la libération des deux anciens chefs de l'ex-FIS. Le fait que Benhadj a envoyé les mem- bres de sa famille voir Djaballah et lui signifier son attachement et son amitié souffre des lectures politiques pouvant signifier que le numéro deux du parti dissous a peut-être choisi son camp. Ce lundi, pour rappel, Djaballah avait décliné une invitation de la Laddh (Ligue de défense des droits de l'Homme) relative à la nécessité de lever l'état d'urgence. La plupart des signataires de l'appel cité plus haut y prenaient pourtant part...