Cette position intervient 24 heures après le communiqué rendu public mercredi par six leaders du parti dissous. Ali Benhadj restera soumis aux interdictions accessoires attachées à la peine qu'il a purgée en vertu de la loi, c'est ce qu'a affirmé jeudi, M.Tayeb Belaïz, le ministre de la Justice, Garde des sceaux, répondant à une question orale du député d'El Islah, M.Hassan Aribi. Ce dernier, après avoir précisé que les accusations requises contre le numéro 2 de l'ex-FIS sont «abusives, arbitraires et injustes», s'est interrogé sur la partie ayant ordonné «ces peines restrictives», dans la mesure où le jugement rendu public ne contient pas ces interdictions. Le député hausse le ton et menace de distribuer le jugement à la presse présente. Hassan Aribi ne s'arrête pas là, il se dit scandalisé que Ali Benhadj n'ait pu bénéficier de la grâce contrairement à certains criminels et mafiosis de la drogue. «Il est étonnant aussi de voir la loi en Algérie interdire à cet homme d'exercer une activité commerciale pour subvenir aux besoins de sa famille», lance-t-il sur sa lancée. Apparemment très confiant, il s'adresse directement au ministre pour lui demander quelles sont les mesures qu'il compte prendre pour mettre fin «à ces dépassements». Le ministre a commencé par réitérer les délits de Ali Benhadj pour lesquels il a été condamné à douze années de réclusion criminelle le 15 juillet 1992. Il cite le complot contre l'autorité de l'Etat, le sabotage économique et la distribution de tracts de nature à nuire à l'intérêt national. Ce dernier, ajoute-t-il, faisait l'objet, avant son élargissement, d'une notification par procès-verbal du parquet lui rappelant les interdictions accessoires qui restent attachées en vertu des articles 4, 6 et 8 du code pénal à la peine, qu'il a refusé de signer. «Un refus qui ne le libère nullement des interdictions accessoires auxquelles il reste soumis», tient à préciser le ministre. Ce dernier confirme aussi que ces interdictions ne sont pas incluses dans le jugement, et pour cause «les peines de privation ne sont pas requises par une instance judiciaire mais elles sont appliquées par la force de la loi et la force de la chose jugée». Le ministre finit par préciser «Je ne suis pas habilité à faire de commentaire sur cette question, ce serait douter des compétences de l'appareil judiciaire en Algérie». M.Tayeb Belaïz ne fait pas de commentaire certes, mais il réitère néanmoins qu'«aucune mesure d'allègement ne sera prise en faveur de Ali Benhadj». Pour le député, cette réponse traduit parfaitement «la nature du régime algérien qui tend à fuir la réalité». L'enthousiasme avec lequel El Islah a tenu à défendre la cause de Ali Benhadj, laisse présager que cette carte sera décisive dans la campagne électorale de cheikh Djaballah pour la présidentielle de 2001. Lui qui annoncera officiellement sa candidature dans quelques jours à en croire des sources proches du parti. Rappelons que Ali Benhadj est privé de ses droits civiques et politiques, il lui est interdit dans ce sens, d'être électeur ou de se porter candidat à une quelconque élection, de tenir réunion ou de s'affilier à un parti politique ou toute autre association civile, culturelle, sociale ou autres, «de ‘participer à toute manifestation politique, directement ou par quelque intermédiaire que ce soit» ou «d'être employé dans un établissement d'enseignement.» Cette position «ferme» du gouvernement intervient 24 heures après le communiqué rendu public mercredi par six leaders du parti dissous dans lequel ils ont exigé «l'arrêt des persécutions qui pèsent sur ces hommes à commencer par le cheikh Ali Benhadj». S'agit-il d'une fin de non-recevoir officielle de cet appel lancé au président Bouteflika?