Le porte-parole du gouvernement a annoncé mercredi que le débat sur la laïcité était clos. «C´était hier et le débat est derrière nous», a déclaré François Baroin à l´issue du conseil des ministres qui s´est tenu hier. Le Gouvernement français a lancé une polémique qui lui a brûlé les ailes. Il préfère jeter l´éponge. De son côté, celui par qui le scandale est arrivé s´est fait très discret: Claude guéant était dans ses petits souliers. L´éminence grise de Nicolas Sarkozy qui n´a fait qu´une brève apparition à la fin de la réunion s´est bien gardée de faire la moindre déclaration. De peur sans doute de subir une nouvelle salve de protestations. Le débat tant controversé a, quant à lui, été plié en l´espace de trois petites heures. Une résolution réaffirmant les grands principes de la laïcité et de la liberté religieuse sera en principe débattue par l´Assemblée française au mois de juin. La montagne aura donc finalement accouché d´une souris. Les invités de la grande messe tant promise par l´Ump (Union pour un mouvement populaire) qui devait donner le coup de starter de la stigmatisation des musulmans de France ont plutôt assisté au coup de barre à droite imprimé au parti du président de la république française. Un Front national bis est né. Cela a suffi à faire le bonheur, de circonstance, affiché par le patron de la formation majoritaire au sein du palais Bourbon. «On a quand même attiré 200 journalistes du monde entier!» plastronnait Jean François Copé qui a exprimé à maintes reprises son regret de ne pas voir les représentants du culte musulman assister à cette rencontre. Ces derniers avaient annoncé la couleur. «La Grande Mosquée de Paris décline l´invitation qui lui a été réitérée de participer à ce débat de nature politique qui alimente un fort sentiment de stigmatisation, tout en réaffirmant son profond attachement et celui de tous les musulmans de France à la loi du 9 décembre 1905 garantissant la laïcité de la société et des institutions républicaines», avait indiqué le 23 mars dans un communiqué la Grande Mosquée de Paris. «Ce grand raout de la droite de l´UMP n´a pas réservé de surprise: comme prévu, on y a beaucoup parlé, mais on n´a pas dit grand-chose. Comme prévu aussi, un monde fou attendait, mardi, à Montparnasse, devant l´hôtel Pullman où a eu lieu le débat: les plus nombreux étaient sans doute les CRS, mais on comptait encore plus de journalistes (près de deux cents, selon les organisateurs).» rapporte, sur le ton de l´ironie, l´hebdomadaire français le Point, sur son site. Le débat sur la laïcité, qui s´intitulait à l´origine «Débat sur l´Islam» voulu par le président de la république française a pour objectif de surfer sur le thème de l´immigration. Un slogan qui fait office de fonds de commerce en période électorale et qui vise, à partir à la chasse aux voix en braconnant sur les terres du Front National dans la perspective du premier tour de la présidentielle qui aura lieu en avril 2012. Il aura eu comme dommage collatéral de diviser le parti de Nicolas Sarkozy en deux clans. «La droite Sarkozy-Copé d´un côté, et la droite Juppé-Fillon de l´autre» estime, sur son site, le magazine le Point. Une arme à double tranchant qui pourrait coûter l´Elysée à Nicolas Sarkozy dans tout juste une année. Les voix des français de confession musulmane feront sans doute la différence.