Après avoir accepté la Feuille de route, le Conseil de transition s'est rétracté après son retour à la table des négociations. Le Commissaire de l´Union africaine à la paix et à la sécurité, le diplomate algérien Ramtane Lamamra, est catégorique: la solution militaire ne réglera rien à la crise libyenne. Dans une déclaration qu´il a faite au journal on line AlgériePlus, M.Lamamra, qui a été le porte-parole de la délégation de l´UA qui s´est déplacé à Tripoli et à Benghazi, a livré quelques bribes qui ont marqué la négociation avec El Gueddafi et l´opposition libyenne, ainsi que la volte-face de cette dernière. Concernant la rencontre avec El Gueddafi, le diplomate algérien a affirmé que «la délégation africaine lui a présenté la Feuille de route initiée par l´UA et qui prévoyait la cessation immédiate des hostilités autrement dit, un cessez-le-feu, la facilitation de l´acheminement de l´aide humanitaire aux populations et le lancement d´un dialogue entre les parties libyennes» en vue d´une période de transition. Elle prévoit aussi des «réformes politiques nécessaires pour l´élimination des causes de la crise actuelle, en prenant compte les aspirations du peuple libyen pour la démocratie». Le leader libyen, après discussions, a accepté les propositions contenues dans la Feuille de route, à la grande satisfaction des chefs d´Etat de l´UA. M.Lamamra a indiqué qu´El Gueddafi n´a pas posé de conditions. «Il a simplement dit que les dispositions de la Feuille de route devaient s´appliquer pleinement aux deux parties tant pour le cessez-le -feu que pour la période de transition.» Après cette première manche, il fallait entamer la deuxième à Benghazi. Dans cette ville, érigée en capitale de la rébellion, la délégation africaine a été reçue par les dirigeants du Conseil national de transition. Ces derniers, poursuit M.Lamamra, «ont réagi d´abord positivement aux propositions contenues dans la Feuille de route puis dans un second temps, ont demandé à se retirer pour se concerter». Seulement, voilà, «à leur retour autour de la table de négociations, ils ont déclaré, à notre grande surprise, qu´ils rejetaient cette Feuille de route parce qu´elle ne prévoyait pas le départ immédiat d´El Gueddafi et de ses fils», ajoute M.Lamamra qui a, par ailleurs, indiqué que rien n´est perdu puisque le 13 avril une réunion du groupe de contact se tiendra à Doha et que l´UA y sera présente en tant qu´observateur, représentée par le président de la commission, Jean Ping, qui ne manquera pas, en coulisses, de promouvoir l´idée d´une solution politique et que le lendemain, c´est-à-dire le 14 avril au Caire, se tiendra une réunion des secrétaires généraux des organisations internationales, ONU, UA, UE, Organisation des Etats islamiques...toujours à la recherche d´une issue pacifique. «Par expérience, je peux vous dire qu´il n´y a aucune solution militaire à ce conflit et que seule la solution politique reste la voie de sortie de cette crise interne libyenne», ajoute-t-il. Concernant les demandes de certaines parties étrangères qui exigent le départ du colonel El Gueddafi, M.Lamamra réitère la position de l´UA sur «la non-ingérence dans les affaires d´un Etat souverain». M.Ramtane Lamamra est le commissaire de l´Union africaine à la paix et à la sécurité depuis le 28 avril 2008. Il a succédé à Saïd Djinnit, qui occupait ce poste depuis 2003. M.Lamamra a été secrétaire général du ministére des Affaires étrangères d´Algérie. Il a été envoyé spécial de l´Union africaine au Liberia entre 2003 et 2007. Il a également été ambassadeur d´Algérie auprès de l´ONU de 1993 à 1996 et a participé à la médiation de plusieurs conflits africains.