Le nouveau président autoproclamé du FIS à l'étranger a été destinataire d'une mise en garde «très soft» des autorités helvétiques. «Le conseil fédéral ne saurait tolérer que le conflit opposant le gouvernement algérien au FIS soit attisé par des figures de proue du FIS vivant en Suisse» et «ne peut admettre que la sécurité intérieure d'autres Etats soit menacée directement ou indirectement depuis le territoire suisse». Telles ont été les mises en garde des autorités helvétiques à l'endroit de Mourad Dhina, militant de l'ex-FIS, et qui a été élu président, lors d'un congrès controversé tenu à Bruxelles, il y a près de trois mois. Les autorités justifient cette limitation des activités politiques de Dhina par le fait qu'il puisse porter atteinte à la sécurité d'un Etat étranger et, de fait, elles lui défendent de «justifier, d'encourager ou de soutenir matériellement des actes relevant du terrorisme ou de l'extrémisme violent qui visent à troubler l'ordre en Algérie». La Suisse semble réagir à la demande de M.Mohamed Salah Dembri, représentant de l'Algérie auprès de l'ONU, et qui avait protesté, au lendemain du congrès bruxellois, initié par le CC-FIS, auprès des autorités de Berne. Dhina avait déjà fait sa demande d'asile politique en Suisse, mais n'a pu y accéder. La police helvétique garde toujours en mémoire le fait établi qu'il avait été impliqué dans un trafic d'armes, destiné à alimenter les maquis algériens. Depuis cette date, il est toléré dans ce pays, où il travaille en tant que consultant informatique. Le congrès du CC-FIS, qui l'a plébiscité, avait été très critiqué par les leaders d'Alger, qui se prévalent de la légitimité historique et organique, née du congrès de Batna, en 1991, et dénient aux représentants du FIS à l'étranger, hormis Rabah Kébir, président de l'instance exécutive à l'étranger, tout droit de s'exprimer au nom du parti. Le CC-FIS, lui, avait brandi la lettre de soutien de Abassi Madani comme ultime recours, et une véritable guerre de légitimité de succession a presque éclaté entre les deux groupes antagonistes. Les restrictions imposées à Dhina sont, dans une large mesure, un terrible coup porté aux congressistes bruxellois, et risquent de confiner le consultant informatique dans un silence mortel.