La flambée des prix, récurrente depuis quelques années, pose aujourd´hui en filigrane, la souveraineté alimentaire du pays. Rien moins que ça! Que l´on parle d´autosuffisance ou de sécurité alimentaire, la problématique demeure la même, dès lors que le pays reste tributaire de l´importation des produits agroalimentaires et même, parfois, de produits frais. Le comble! Aussi, parler de la flambée des prix des produits de large consommation sans la repositionner dans sa globalité et en situer les enjeux n´a pas de sens, ou encore de se dire que, dès lors que l´Etat a les moyens de subventionner les prix, où est le problème? Or, le problème est immense à la mesure même des réponses que l´Etat peut, ou ne peut pas, donner aux demandes de la population, aux capacités de production nationale pour atteindre l´autosuffisance. C´est-à-dire la sécurité alimentaire, plus communément la souveraineté alimentaire. Mais la question se pose non plus seulement en termes d´autosuffisance, mais en termes de politique de l´Etat. Et dès lors, se demander quelle politique alimentaire promeut l´Etat? Mais de fait, existe-t-il une politique d´autosuffisance et de sécurité alimentaire lorsque l´on importe 80% de nos besoins de consommation courante? Existe-t-il une politique en direction de la production et de la productivité, de l´investissement agricole et industriel, lorsque le produit national et services représentent en 2009 de 4% à 6% du PIB (produit intérieur brut, c´est-à-dire la richesse créée par un pays sur une période d´une année)? Aussi, nous dépendons et continuons à dépendre des hydrocarbures, matière volatile dont la durée de vie est mesurée. De fait, selon les experts, la durée de vie des puits de pétrole algériens est estimée entre 30 et 50 ans. Comment vivrons les générations futures qui ne disposeront plus de l´apport du pétrole salvateur? Or, les avancées économiques d´un pays sont marquées par la disponibilité de ressources, par leur gestion et leur répartition. D´où la question de la nécessité d´une stratégie de production dont on finit par se demander si l´existence est réelle au regard des pénuries - tout aussi récurrentes - dont souffre le pays. Or, les produits de large consommation sont coûteux et, souvent, hors de portée du citoyen à revenu moyen. Dès lors faut-il continuer à récriminer contre la flambée des prix lorsque la question primordiale est encore de savoir si l´Etat dispose d´une politique de consommation et son rôle - pourtant essentiel - dans la régulation de l´économie et partant, dans la stabilisation des prix des produits de consommation, non point par la seule subvention ou soutien des prix, mais aussi et surtout, par la libération des moyens pour parvenir à l´autosuffisance en encourageant une production dynamique et novatrice capable d´assurer la sécurité alimentaire du pays. Or le problème se pose à l´Algérie en termes de «sécurité alimentaire». En fait, de souveraineté. Comment se prétendre souverain, en effet, lorsque le pays dépend, pour son alimentation, de l´importation de l´étranger? Aussi, poser la question de l´autosuffisance (alimentaire, industrielle, de services...), c´est dans le même temps se demander quelles politique et stratégie économiques sont préconisées par l´Etat, quels moyens (humains, financiers notamment) sont mobilisés pour ce faire? A-t-on pris conscience en Algérie du problème que pose la question de l´insuffisance alimentaire? Qu´a-t-on fait pour en atténuer, voire en éliminer, la gravité, alors que les compétences nationales en la matière sont marginalisées lorsqu´elles ne sont pas contraintes à l´exil? Or une personne aussi visionnaire et charismatique soit-elle ne peut, à elle seule, représenter tous les paradigmes de développement d´un pays, ou répondre à l´ensemble des besoins, sociaux, politique, économique soulevés par les citoyens.