L'âme d'Azzedine a plané durant tout le temps qu'a duré sa commémoration. «Le faucon a replié ses ailes, lui qui infusait en nous l'irréductible et que de l'envol de son génie exaltant a balayé bien des dogmes. Le faucon de Baya est retourné dans le ventre de sa montagne, il a attendu de finir son poème de vaillance pour souligner comme d'autres faucons. Dors en paix Azzedine, ton poème vivant, nous l'avons appris comme un rayon de soleil; c'est la clé de l'amour». Cette épitaphe à elle seule, résume la vie du cinéaste. Mais ses amis ont voulu être présents et être une mémoire vivante. L'ouverture de la commémoration a débuté par le recueillement au cimetière d'Akabiw auquel ont pris part les autorités de la wilaya et de la commune et la lecture de la lettre de Mme K.Toumi, ministre de la Culture représentée ce jour-là par M.Aïssat (SG du ministère). Les journées suivantes ont été consacrées aux témoignages de ses amis, de sa famille, de ses collaborateurs ; des tables rondes et conférences furent animées par Maâfa pour qui «la présence de tout le village Timzrit au cimetière montre déjà une des faces de Azzedine». Pour L. Arezki, Sid Ali Kouiret, Ammi Ali ainsi que les autres « Azzedine était un artiste pour qui la qualité du travail prime sur l'amitié et même la famille». Certains le nommeront «réalisateur des détails». Tous ses amis reconnaissent en lui l'acharnement et la recherche dans ses productions. Maâfa rappellera les témoignages de Amar Tribèche, de Madjid Slama qui ont côtoyé ce réalisateur qui passait son temps dans la cellule d'archive de la télé afin de chercher des détails de l'histoire algérienne. Et c'est ainsi qu'il réalisa le documentaire Combien je vous aime. C'est avec les larmes aux yeux que ces artistes racontaient tour à tour leurs rencontres, leurs heures de tournage avec ce monument du cinéma. Même «si des fois ce n'était pas facile de travailler avec lui». Kiki, directeur du TRB, dira: «Même quand la maladie le rongeait, il avait tenu à assister au débat d'un de ses films jusqu'à la fin, malgré l'heure tardive». L'une de ses soeurs dira: «Quand le terrorisme ciblait les intellectuels, lui, qui avait toutes les possibilités de s'installer à l'étranger, refusait cette fuite en répondant : si moi je pars, les autres partent, que restera-t-il pour notre Algérie ?» Ces artistes, ces intellectuels ont tenu aussi à remercier l'association Tiwizi qui a réussi à faire de cet hommage un moment de rencontre qui leur a permis non seulement de parler de Azzedine, mais aussi de ses oeuvres et surtout des problèmes que vit le cinéma. L'association a profité de cette occasion pour honorer plus de 20 artistes et intellectuels encore vivants de l'Algérie. Durant 3 jours, la cinémathèque de Béjaïa a été un espace de débats, de conférences et de projections cinématographiques. Et durant tout ce temps-là, l'âme de Azzedine a plané. Concernant l'organisation de cette grande manifestation si Azzedine était vivant, il aurait rechigné sur certains détails, lui qui aimait la perfection ; quant à nous, nous les mettrons sur le compte de l'inexpérience, surtout que cette association aspire à organiser un festival international méditerrranéen du cinéma à Béjaïa.