«Il ne faut pas banaliser la mort d'un militant politique qui intervient dans un contexte particulier». «La marche silencieuse et pacifique de samedi sera consacrée à la mémoire du professeur Ahmed Kerroumi», a affirmé Fatma Boufenik, membre de la Cncd d´Oran, ajoutant que «les marcheurs aux brassards noirs, porteront haut le portrait du défunt». L´action débutera de la place de la Kahina pour se terminer à la place d´Armes en passant par la rue Emir Abdelkader. Les trois membres de la Coordination pour le changement et la démocratie (Cncd), Messaoud Babadji, Kaddour Chouicha et Fatma Boufenik se sont, dans leur conférence de presse tenue hier à Oran, longuement revenus sur l´évolution de l´affaire de la mort de Kerroumi Ahmed et les informations distillées par la presse sur les premiers éléments du rapport d´autopsie. «Nous avons provoqué cette conférence pour vous informer sur quelque chose de très grave», a déclaré Kaddour Chouicha, expliquant que «nous avons senti un scénario qui se prépare pour appuyer la thèse officielle». Et ce dernier d´ajouter qu´il «ne faut pas banaliser la mort d´un militant politique qui intervient dans un contexte politique et social particulier, aussi bien en Algérie que dans le Monde arabe». Porté disparu pendant cinq jours, Ahmed Kerroumi, âgé de 53 ans, enseignant universitaire, militant du MDS et membre de la Coordination nationale pour le changement et la démocratie (Cncd) d´Oran, a été retrouvé mort samedi dernier, au siège du MDS à Oran. Ce qui semble gêner le plus les membres de la Cncd d´Oran, ce sont les fuites organisées d´informations qui ont alimenté les articles de presse. De ce point de vue, Kaddour Chouicha, plus que convaincu de la démarche de la Cncd, a appelé «à une enquête rigoureuse suivie d´une conférence de presse devant être animée par le procureur général». Car a-t-il expliqué «il y a des questions auxquelles il faut répondre». Cette exigence est motivée par les supputations qui ont suivi la mort de Kerroumi Ahmed et qui continuent d´alimenter l´opinion oranaise. Dans ce contexte, Kaddour Chouicha n´a pas dissimulé sa crainte de voir les tenants de l´affaire amputés de plusieurs vérités. «Nous doutons entre ce qui est vérité et l´officiel». Et d´ajouter: «Nous pensons qu´il y a des zones d´ombre dans la procédure et pour les besoins de l´enquête, nous donnons tout ce que nous avons comme informations aux policiers et même aux éléments des services de sécurité. Mais, malheureusement, en retour, nous ne savons rien. Nous assistons à la préparation de l´opinion publique», a déploré Kaddour Chouicha, tout en annonçant la disposition et la mobilisation indéfectible de la Cncd à défendre, bec et ongles, la mémoire de Kerroumi. «Nous refusons de laisser passer cette affaire. Car cela y va de la mémoire du défunt et de l´honneur de sa famille, son entourage et ses amis». Dans ce bouillonnement, une certaine presse est prise à partie. Pour sa part, Fatma Boufenik a été explicite dans son intervention en déclarant, que «l´intox a commencé, à nous parvenir par des individus et ce, aux fins de nous pousser à ne pas agir par rapport à la disparition de Kerroumi Ahmed». Le juriste, Babadji Messaoud est, quant à lui, revenu sur ce qu´il a qualifié «la wilaya hors-la-loi» pour dénoncer la non-délivrance des autorisations de marche. Ces interdictions, selon Babadji, sont formulées verbalement sans aucune autre notification officielle.