Traitement de choc pour les prédateurs. Mais aussi vigilance en tout lieu et à tout moment. Entre autres points de l'ordre du jour aussi importants les uns que les autres, le Conseil national de coordination (CNC) du FLN a quasiment adoubé Ali Benflis comme candidat à la présidentielle d'avril 2004. En agissant de la sorte, les membres de la direction du FLN ont définitivement coupé l'herbe sous le pied de leurs détracteurs. Le bras de fer est terminé. Il a tourné en faveur de Ali Benflis et de la loi. Autant dire d'emblée que le Conseil national de coordination du parti du FLN, qui s'est réuni, jeudi 26 juin 2003, sous la présidence de Ali Benflis, est allé droit au but. Le rôle d'un comité de coordination consiste, comme son nom l'indique, à coordonner mais également à faire circuler l'information entre tous les organes et les militants du parti du FLN exerçant dans les institutions de l'Etat. Servi comme il se doit par des événements auxquels même le citoyen ordinaire ne s'attendait pas, le comité de coordination a dû, cette fois, ouvrir le chapitre des discussions des grands jours. D'où sans doute la longueur du communiqué sanctionnant les travaux qui ont duré toute la journée de jeudi et qui a été publié, hier, pour résumer au mieux l'ensemble des points discutés. Réunissant les membres du bureau politique du parti du FLN, les responsables des structures au Parlement, les membres militants du gouvernement, les présidents de commissions permanentes du Comité central et enfin, les militants dirigeants d'organisations sociales, en un mot tout ce que compte comme cadres la technostructure du FLN, était présent pour donner plus de force et de solennité à la discussion. Qui, en premier lieu, s'est attaqué au 8e congrès du FLN dont les travaux, sous la foi et l'observation vigilante d'un huissier ont été qualifiés de valides et conformes aux lois de la République? A cet effet, le communiqué n'a pas manqué de souligner que les «participants ont réaffirmé pour l'occasion leur ferme et total engagement en faveur de la ligne politique adoptée par le 8e congrès du parti». Une ligne qui consiste à «assurer l'autonomie de sa décision et la maîtrise de son destin». Sans oublier que les résultats du 8e congrès «doivent être concrétisés» quelle que soit la nature de l'adversité qui pourrait s'y opposer. Dans l'énumération des constats, le CNC n'a pas hésité à dénoncer, tout en les condamnant énergiquement, les campagnes de violences «orchestrées par certains milieux et certains éléments coupables d'une agression contre la position souveraine des militants». Le communiqué s'en est pris ensuite aux actes perpétrés qui traduisent «la négation d'une pratique saine de la politique» et dont les effets auront pour conséquence de renforcer «la détermination des militants et sympathisants du parti du FLN à aller de l'avant pour (...) concrétiser la ligne politique dans le sens de l'affirmation du choix démocratique et l'approfondissement du pluralisme dans notre pays». Traitant de l'attitude de la classe politique en général au moment où Hadjar et ses «spahis» s'employaient à harceler les kasmas FLN et certaines mouhafadhas de l'ouest du pays, le comité de coordination n'a pas manqué d'enregistrer avec satisfaction «l'attitude des forces politiques par rapport à ces actes irresponsables» en constatant leur «prise de conscience devant la gravité des agissements...» Mais l'épaisseur du pavé, auquel d'ailleurs peu d'observateurs s'attendaient, c'est l'enseignement qui devait être tiré de l'interview accordée par le général de corps d'armée et chef d'état-major de l'ANP, Mohamed Lamari, et dans laquelle les réponses de ce dernier ont déjà fait couler beaucoup d'encre et enragé certainement plus d'un. Le comité de coordination, qui a eu à approfondir l'étude du texte publié par El-Ahram, en a déduit de la satisfaction. Tout en soulignant la valeur de la position de l'ANP. Il s'agit là, précise le communiqué, «d'un acquis et d'un appui à la voie démocratique et d'un renforcement des fondements du régime républicain pour lesquels le peuple algérien et l'Armée nationale populaire ont consenti tant de sacrifices». Pour autant, le conseil national de coordination ne s'est pas contenté de recenser des faits contraires à la loi et, par conséquent à l'ordre public. Par des objurgations spécifiques, il a interpellé les autorités publiques à prendre leurs responsabilités «pour la préservation de l'ordre public et la protection du libre-exercice de l'activité politique» qui est, par ailleurs, protégée par la Constitution. Ici l'allusion est claire. Elle vise directement les «magouilles» que la presse a, par ailleurs, éventées en dénonçant les agissements illégaux du ministère de l'Intérieur qui, quitte à tordre le cou à la loi régissant les partis politiques, s'était enragé à vouloir à tout prix invalider les résultats du 8e congrès. Conséquence, l'observance d'une neutralité scrupuleuse est exigée, pour l'occasion, de l'administration. Entre autres points figurant dans son ordre du jour, le CNC a traité de la situation cruciale que vivent les ministres FLN restés au gouvernement que préside Ahmed Ouyahia depuis peu. On se souvient, au départ, tout était bien parti. En effet, en présentant «son» programme devant les députés, le Chef du gouvernement avait déclaré qu'il n'y avait pas de «ministres du président. Nous formons une seule équipe». Sitôt dit sitôt fait mais dans le sens auquel personne ne s'attendait. En effet, depuis la secousse tellurique qui a endeuillé Alger et la wilaya de Boumerdès, les ministres FLN sont pratiquement interdits de tout. Et en premier lieu de prendre des initiatives. Que de fois se sont-ils plaints à Ahmed Ouyahia pour tenter de comprendre ce qu'il leur arrive. Imperturbable, mais franchement cynique, Ouyahia ne répond pas. Le faisait-il exprès? A prendre au pied de la lettre le fait que son parti n'a même pas levé le petit doigt comme tant d'autres partis l'avaient fait pour s'indigner des procédés utilisés contre les structures du FLN par les prédateurs de Hadjar dont on sait qu'ils étaient stipendiés par de l'argent prélevé dans les caisses noires de la subversion, on ne peut l'exonérer d'une volonté hostile à leur égard. Pour mémoire, il convient de retenir parmi les ministres FLN présents au CNC jeudi, le ministre de l'Agriculture, M.Barkat dont l'intervention en surprendra plus d'un après la position qu'il avait prise à l'issue du 8e congrès dont il avait, par un communiqué publié par la presse, récusé les résultats et le déroulement qu'il avait jugé non démocratique. Déclarant qu'il était militant du FLN, sa présence n'était nullement différente de celle de ses autres collègues au gouvernement et qu'à ce titre, il était prêt à appliquer stricto sensu la décision qui plaira à son parti de prendre. Enfin, le conseil national de coordination du FLN a appelé «les militants et les sympathisants du FLN à un surcroît de vigilance et de mobilisation et à resserrer davantage les rangs pour mettre définitivement en échec toutes les basses manoeuvres qui visent à porter atteinte aux acquis du parti et qui menacent l'option démocratique dans notre pays». A bon entendeur, salut...!